Dans la rue, les familles délogées de force

De Jérusalem-Est la mission civile 152 de la CCIPPP témoigne :

2 août : Expulsion des familles Hanoun et Ghawi à Sheikh Jarrah

Nous avions vu les autorités remettre aux familles un nouvel ordre d’expulsion qui expirait le 10 août.

Les autorités israéliennes n’auront pas attendu cette date puisqu’au petit matin de ce 2 août, la tente a été démolie et les familles Hanoun et Ghawi expulseés de leurs logements.

Le quartier est entièrement bouclé par les forces de police et l’armée, aucune possibilité d’approcher les maisons, il ne reste rien de la tente d’Um Kamel, démolie pour la 7 eme fois.

« Comment peuvent ils faire cela ? Ce sont des criminels », entend on parmi les Palestiniens présents. Des représentants de l’OCHUA sont là, les média également.

Je reviens en fin d’après midi. Curieux comité d’accueil que cette dizaine de Juifs orthodoxes avec des pancartes.Les barrières sont alors levées, on peut accéder aux maisons des familles Hanoun devant lesquelles se tiennent quelques policiers et soldats. Une (ou deux) des trois portes est (sont) fermée par une chaîne.

Les Palestiniens, les Israéliens et les internationaux installent des chaises, s’asseyent sur les marches, comment « avant ». Les banderoles « We will never leave our homes », « Obama, yes you can » qui ont été enlevées et traînent par terre sont installées de nouveau sur les murs. Deux internationaux d’ISM tiennent celle « No ethnic cleansing ». On peut voir apparaître et disparaître les têtes des colons qui se sont installés dans les maisons.

Davantage de forces armées arrivent. Il nous est demandé de quitter l’espace investi, ce que personne ne fait tout de suite. La police installe un périmètre de sécurité avec des barrières devant la maison, enlève les banderoles et les emporte dans les véhicules. Les colons, las d’être l’objet de photographies tentent de se protéger des caméras en installant des planches.

De plus en plus de personnes sont là. Des internationaux chantent, des Palestiniens scandent des slogans, des Israéliens tiennent des affiches en hébreu, le slogan en anglais qui revient est « 1 2 3 4 occupation no more, 5 6 7 8 Israel is a fascist state ».

Les forces armées sortent du périmètre de sécurité et font reculer la foule. Les soldats sont alignés. Devant eux, un israélien s’adresse à eux. Les soldats sont très jeunes, on sent que certains sont mal à l’aise et pas très sûrs.

Les soldats s’avancent de plus en plus, acculant la foule de l’autre côté de la rue. Face à face impressionnant, force des regards. La tension monte, un international est arrêté. Les Palestiniens chantent avec des yeux qui brillent de fierté et de force.

Je suis obligée de partir pour me débarrasser des photos de ce rassemblement compromettantes pour mon retour en France le lendemain. Je reviens plus tard avec Anne Laure. Pendant les deux heures qui se sont écoulées, il y a eu des arrestations pour 4 palestiniens, 5 israéliens et 4 internationaux. Il reste quelques petits groupes de personnes ici et là, quelques policiers et soldats veillent sur la maison, c’est silencieux…

Il nous est difficile de quitter les lieux, de dire au revoir. Sentiment de laisser les choses en plan, de partir au mauvais moment, d’abandonner les Palestiniens. Retrouver sa maison en France alors que nos amis n’ont plus de chez eux…

Bien sûr, j’ai exprimé le matin et le soir aux familles expulsées le soutien et la solidarité de notre groupe CCIPPP et le respect que nous imposait leur lutte pour le respect de droits humains fondamentaux. Il y a la force armée, certes, mais il y en a une encore plus forte : celle de la résistance et de l’esprit, qui nous l’espérons, redonnera le plus tôt possible aux personnes expulsées la possibilité de retrouver leur maison .et d’y vivre libre

Nous partirons en saluant le plus âgé des trois frères Hanoun. Etrange de l’entendre nous remercier et de prendre soin de nous. Comment ne pas dire ce qui se passe à Sheikh Jarrah pour ne pas laisser faire….

Dans la rue, les familles délogées de force
Dans la rue, les familles délogées de force


lien vers la PETITION :

Texte de la pétition traduit par nos soins (voir le texte original ci-dessous)

Nous, soussignés, insistons sur le droit des palestiniens de Jérusalem (Al-Qod) de rester dans leur maisons, et déclarons notre rejet et opposition à la politique de colonisation israélienne. Nous sommes conscients que cela fait partie d’un large plan d’implantation et d’expansion des colonies dans Jérusalem-Est occupé et de nettoyage ethnique des palestiniens de leur pays, notamment dans les environs de la vieille ville, de Silwan, Wadi Al Joz, le mont des oliviers et Ras Alamoud, pour encercler la ville. Le but ultime est d’expulser les palestiniens de Jérusalem (Al-qod) et d’annexer leur terre dans une nouvelle vague de nettoyage ethnique. Nous appelons tous les partis politiques et la communauté internationale de s’élever et de soutenir les palestiniens de Jérusalem-Est dans leur lutte contre l’injustice et les expulsions.

La famille Hannoun est une des 27 familles du quartier de Sheik Jarrah à Jérusalem-Est qui font face à l’expulsion de leurs maisons pour implanter une nouvelle colonie juive dans cette zone. Cette famille de 18 personnes dont 6 enfants est réfugiée depuis 1948, après avoir été déplacée de Haifa pendant la Nakba. Ils vivent à Sheik Jarrah depuis 1956 dans la maison attribuée par le gouvernement Jordanien et UNRWA dans le cadre d’un projet de relogement des expulsés.

Les actions d’Israël contre ces familles constituent une flagrante violation des lois internationales, notamment la 4° convention de Genève qui font obligation aux autorités d’occupation, Israël, de maintenir la forme géographique et démographique de Jérusalement-Est.

Maintenant que toutes les solutions légales ont été épuisées, le dernière espoir des familles ets la pression internationale pour stopper les expulsions. Nous demandons à notre gouvernement et à la communauté internationale de se lever pour défendre les droits humains et les droits de ces familles et de s’opposer aux expulsions de Sheik Jarrah et plus largement à la politique de nettoyage ethnique à Jérusalem-Est

We, the undersigned, emphasize and reiterate the right of Palestinians in Jerusalem to stay in their homes, and declare our rejection and opposition to Israel’s colonization policies. We are aware that this is part of Israel’s wider plan to implant and expand settlements in Occupied East Jerusalem and to ethnically cleanse Palestinians from their land, notably in and around the Old City, Silwan, Wadi Al Joz, the Mount of Olives and Ras Alamoud, thus encircling the city. The ultimate goal is to evict the Palestinians from Jerusalem and annex the land in yet another wave of ethnic cleansing. We call on our political factions and the international community to rise up and support the Palestinians of East Jerusalem in their struggle against injustice and displacement.

The Hannoun family are one of 27 families in the Sheikh Jarrah neighbourhood of East Jerusalem facing eviction from their homes as part of a plan to implant a new Jewish settlement in the area. The family are refugees from 1948, after being displaced from their home in Haifa during the Nakba, and currently consist of 18 people, 6 of whom are children. They have lived in Sheikh Jarrah since 1956 when the Jordanian Government and UNRWA gave them their houses as part of a project to house Palestinians forced to flee their homes.

Israel’s actions against the families constitute blatant violations of International law, notably the 4th Geneva Convention, which obligated the occupying authority, Israel, to maintain the geographic and demographic shape of occupied East Jerusalem.

Now all legal avenues have been exhausted, the families last hope is international pressure to stop the evictions. We ask our governments and the international community to stand up for the legal and human rights of the families and oppose the evictions in Sheikh Jarrah and the wider policy of ethnic cleansing in East Jerusalem.

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