COMMUNIQUE : Pas de promenade Ben Gourion à Paris !
Palestiniens chassés de leurs villages

L’hommage parisien à Ben Gourion mis à mal

Plusieurs manifestants gardés à vue

Des jeunes militants solidaires du peuple palestinien, dont des membres du NPA, de la CNT, d’Europalestine, de Génération Palestine, de la GUPS et de la coordination interfacs Palestine, ont réussi aujourd’hui (15 avril 2010) à fortement perturber les festivités officielles de l’inauguration de la promenade Ben Gourion.

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Malgré un dispositif policier important, un groupe embarqué sur un bateau-mouche a atteint le lieu de la cérémonie qui se déroulait ce jeudi à 10h45 en présence du Maire de Paris Bertrand Delanoë, de Rachida Dati, Maire du 7ème, et de Shimon Pérès, le président israélien. Plus de 40 militants, munis de drapeaux palestiniens, de fumigènes et de cornes de brume, ont déroulé une banderole « Ben Gourion, Pérès, criminels, Delanoë collabo ». Semant le trouble parmi le gratin de la collaboration avec Israël, leur protestation non-violente faisait écho aux centaines de manifestants rassemblés au Pont de l’Alma. Au même moment, l’Arc de Triomphe a été recouvert d’un drapeau palestinien géant.

Les militants de ces deux actions ont été interpellés par les forces de l’ordre. Cinq d’entre eux ont été placés en garde à vue suite aux accusations fallacieuses de la responsable du bateau. Nous exigeons leur libération immédiate et appelons tous les sympathisants à nous rejoindre devant le commissariat du 11ème arrondissement.

Rassemblement jeudi 15 avril, 18h, Commissariat du 11ème
arrondissement, Métro Voltaire Passage Charles Dallery


Le Collectif National pour une Paix Juste entre Palestiniens et Israéliens tient à manifester son indignation devant la décision du Conseil de Paris d’attribuer à une promenade de la capitale le nom de David Ben Gourion, et de l’inaugurer le 15 avril en présence du chef de l’Etat d’Israël Shimon Peres …

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Lettre du collectif 69 Palestine :

à Bertrand Delanoë, maire de Paris

Monsieur le maire,

Nous ne sommes pas de Paris, mais nous nous devons de vous alerter sur cet événement dont à notre avis la portée et les conséquences dépassent largement votre ville.

C’est avec consternation que nous avons appris que vous projetiez d »inaugurer une « promenade Ben Gourion » sur les Quais de Seine le 13 avril prochain en présence du Président israélien Shimon Pérès.

– alors que l’état d’Israël a mené une attaque meurtrière sur Gaza il y a un an (cf. le rapport Goldstone), alors qu’il effectue en ce moment même un blocus inhumain sur la population palestinienne de Gaza,

– alors qu’il défie la communauté internationale en intensifiant les constructions dans les colonies et à Jérusalem-Est,

– alors que les « nouveaux historiens » Israéliens ont mis en pièce la légende de Ben Gourion pour dévoiler son rôle décisif dans l’expulsion de force de 700 000 palestiniens (1947 – 1949) et la destruction de 500 villages. (cf. Dominique Vidal – Comment Israël expulsa les palestiniens 2007),

– alors que le mouvement de Boycott Désinvestissement Sanction se développe aujourd’hui dans le monde,

Cette initiative est incompréhensible, et serait interprétée comme un soutien inespéré pour l’état d’Israël menacé aujourd’hui de sanctions internationales pour son mépris des droits humains.


Palestiniens chassés de leurs villages
Palestiniens chassés de leurs villages

Lettre ouverte à Bertrand Delanoë par Ilan Pappe

Tout le monde peut comprendre le souhait du Conseil municipal de Paris de rendre hommage à David Ben Gourion en donnant son nom à une esplanade de la capitale. Il fut le père fondateur de l¹Etat d¹Israël ainsi que son Premier
ministre durant plusieurs années. Enfin, il a été l’artisan d’une collaboration étroite entre Israël et la France, en particulier lors de la Crise de Suez et la tentative de renversement du Président Egyptien Gamal
Abdul Nasser en 1956, ou encore en contribuant à l’amélioration des liens militaires et stratégiques entre les deux pays après 1967.

Chacun peut ainsi comprendre que les soutiens à Israël au sein de la communauté juive mais aussi au-delà, accueillent favorablement cette initiative d’une esplanade Ben Gourion.

Je vous écris néanmoins aujourd¹hui pour vous rappeler l’autre visage du personnage dont je viens de faire la biographie.

Pour moi, lorsque je pense à lui, voilà les souvenirs qui l’emportent dans mon esprit. David Ben Gourion fut l’architecte ainsi que le cerveau du nettoyage ethnique de la Palestine en 1948. C’est à partir de cette
opération d’expulsion que naquit le problème des Palestiniens tel que nous le connaissons toujours aujourd’hui et qui divisa Juifs et Arabes par un
conflit sanglant et sans fin qui s’étendit dans tout le Moyen-Orient.

Certes, il ne fut pas le seul mais il reste la figure emblématique de l’expulsion systématique de près d’un million de Palestiniens de leurs maisons, leurs terres, leur patrie. Il a également ordonné la démolition de
centaines de leurs villages et de dizaines de leurs villes et a personnellement ordonné leur transformation en colonies juives. Il a également imposé une loi martiale cruelle et sans pitié dirigée contre la minorité palestinienne restée en Israël, qui incluait l’expropriation de leurs terres, l’exil de beaucoup d’entre eux ainsi que le massacre de Kafar Qassim qui eut lieu en novembre 1956 où des dizaines de Palestiniens
innocents furent tués par la police israélienne des frontières.

Si l’on tient compte de la situation actuelle d’Israël et de l’aspect criminel de sa politique, semblable à l’apartheid qui était imposé par la communauté blanche en Afrique du sud, il nous apparaît difficile de donner
un sens à cette commémoration ainsi qu’à celui qui est honoré. Les crimes commis et la nakbah palestinienne sont toujours de nos jours niés par les autorités israéliennes. Aussi, en donnant le nom de Ben Gourion à une avenue
parisienne, ce sera une manière d’accepter et de légaliser ce déni. Cela sera sans aucun doute perçu par la plupart des Parisiens comme une offense.

Je m’adresse à vous en tant que militant et historien de la Nakbah, né en Israël et enseignant aujourd’hui au Royaume-Uni, pour vous demander de revenir sur votre décision et de l’abandonner tant que les deux peuples
israéliens et palestiniens ne seront pas arrivés à panser les blessures du passé et à se réconcilier. Tout autre décision ne ferait que contribuer à favoriser la poursuite du conflit tout en semant le doute sur les intentions
sincères et pacifiques de la politique française en faveur de la paix.

Bien sincèrement

Professor Ilan Pappe
Directeur du centre européen des études palestiniennes
Institut des études arabes et islamiques
Université d’Exeter
Royaume-Unis

Traduction: Délégation de Palestine en France


Citations de David Ben Gourion

« Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur.
Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient t-ils accepter cela ? »

Cité par Nahum Goldmann dans « le Paradoxe Juif », page 121

« Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils (les Palestiniens) ne reviendront jamais. »

David Ben-Gourion, dans son journal, 18 Juillet 1948, cité dans le livre de Michael Bar Zohar : « Ben-Gourion : le Prophète Armé », Prentice-Hall, 1967, p. 157.

« Nous devrions nous préparer à lancer l’offensive. Notre but est d’écraser le Liban, la Transjordanie (Jordanie) et la Syrie. Le point faible c’est le Liban, car le régime musulman y est artificiel et il nous sera facile de le miner.

Nous y établirons un Etat chrétien, puis nous écraserons la Légion Arabe, nous éliminerons la Transjordanie (Jordanie); la Syrie tombera entre nos mains. Nous bombardons alors et avancerons pour prendre Port-Saïd, Alexandrie et le Sinaï. »

Mai 1948, au Chef d’Etat-Major. De Ben-Gourion, une biographie, par Michael Ben-Zohar, Delacorte, New York 1978.

« Si je savais qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les emmenant en Angleterre, et seulement la moitié en les transférant sur la terre d’Israel, je choisirais la dernière solution parce que, devant nous, il n’y a pas que le nombre de ces enfants mais la calcul historique du peuple d’Israel. »

Cité pages 855-56 de la biographie de Ben-Gourion réalisée par Shabtai Teveth

« L’acceptation de la partition ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous accepterons un état dans les frontières fixées aujourd’hui — mais les frontières des aspirations Sionistes sont les affaires des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter. »

La Naissance d’Israel, 1987, Simha Flapan

« La guerre nous donnera la terre. Les concepts de « nôtre » et de « pas à nous » sont des concepts de paix, seulement, et en temps de guerre, ils perdent leur signification entière  »

Journal intime de Guerre, Vol. 1, date d’entrée le 6 février 1948. p.211

« Nous ne pourrons pas gagner la guerre si, pendant la guerre, nous ne peuplons pas le pays de bas en haut, l’est et l’ouest de la Galilee, le Neguev et le secteur de Jérusalem….Je crois que la guerre apportera également dans son sillage un grand changement dans la répartition de la population arabe. »

Behilahem Yisrael, Tel Aviv, Mapai Press, 1952, pp. 86-87

voir Michel Collom