Jerusalem (Al-Qods) Novembre 2012 – Témoignage de D. et M.

Dans le plan de partage de 1947 – qui a amené la création de l’état d’Israël en Palestine – Jérusalem s’est vu octroyer un statut international qu’elle a négocié. Depuis 1967 Jérusalem- est une ville occupée.

… Les habitants de Jérusalem-Est subissent de multiples pressions de la part du gouvernement israélien : impossibilité d’obtenir un permis de construire, d’acheter un appartement. Sur la base de documents fallacieux, les habitants des quartiers de Sheik-Jarrah et Silwan sont menacés d’expulsion de leurs logements.

Beaucoup de maisons ont déjà été volées et les habitants « jetés » à la rue avec leurs biens. Sur les maisons volées flottent le drapeau israélien. L’immense ceinture de colonies israéliennes Aalia-Doumin, French Hill, Har-Homa, Kfar Adumim et Ma’Ale Adumim – construites en toute impunité sur des terres palestiniennes – continuent de s’agrandir. Cette colonisation massive est en infraction avec les lois internationales concernant le statut de Jérusalem.

Jérusalem-Est est à la fois encerclé par les colonies et par le mur. Pour un Palestinien, les déplacements sont très compliqués. Le gouvernement israélien a annoncé, au mois de décembre 2012, la construction de 1 200 logements à Jérusalem-Est !

Un Palestinien qui quitte Jérusalem-Est peut perdre sa carte d’identité ainsi que ses droits de résidence à Jérusalem. Un Palestinien d’Israël ne peut pas épouser une Palestinienne des Territoires Occupées. Si cela se produit leur vie de couple devient très difficile !

… Dans la vieille ville de nombreuses boutiques sont fermées. Le commerce palestinien ne marche plus. Une habitante du souk nous dira « la plupart des pèlerinages sont conduits par des guides israéliens. Je les entends. Ils disent ‘ n’achetez pas dans les boutiques arabes’, c’est dangereux ». D’autres boutiques ont été confisquées par la police israélienne. Sur certaines portes des publicités sont collées pour des entreprises israéliennes.

C’est une politique de colonisation voulue par le gouvernement israélien … Militaires et Juifs orthodoxes y circulent nombreux.
Le jour de notre arrivée, le 8 octobre, une centaine de colons, protégés par l’armée, sont entrés dans la vieille ville par la porte de Damas, et l’ont traversée …

A Cheikh Jarrah, la famille palestinienne, dont une des deux maisons a été volée par des colons en 2009, est toujours là. Pour se protéger des grimaces et menaces des colons, elle a tendu des couvertures sur les fenêtres de la maison dans laquelle elle vit encore. Entre ses 2 maisons mitoyennes, une tente de solidarité reste dressée. Lorsque les tensions avec les colons sont trop grandes, des internationaux arrivent pour protéger la famille palestinienne. Cette dernière, comme plusieurs autres familles, ont reçu en 2010 un ordre d’expulsion qui devait prendre effet en février 2011. Il n’a pas encore été exécuté.

Est-ce en raison de la mobilisation internationale, de celle des pacifistes israéliens dans ce quartier très convoité par le gouvernement israélien ?
En 1947, la vieille maman de 90 ans, a fui son village natal. Connaîtra-t-elle un nouvel exode ? D. et M. (extrait de leur témoignage)