Hares : 5 enfants palestiniens menacés d’emprisonnement à vie sans preuve !
Mohammed Suleiman, Ammar Souf, Mohammed Kleib, Tamer Souf et Ali Shamlawi sont les cinq garçons du village palestinien d’Hares, détenus dans les prisons israéliennes sous le coup de 25 chefs d’accusation de tentative de meurtre par jets de pierres allégués, sans la moindre preuve. Les garçons ont été qualifiés de “terroristes” avant qu’une quelconque enquête objective ait eu lieu. Ils ont été condamnés dans les médias israéliens
(http:// haresboys.wordpress.com/media/israeli-media-coverage-lynch-mob/)
comme coupables même avant d’avoir “avoué” sous la torture d’avoir jeté des pierres. Toute espèce de justice leur a été refusée dans le système israélien de tribunaux militaires (http://haresboys.wordpress.com/military-co urts/) qui reconnaît coupables les enfants palestiniens à un taux de 99,7 %, sans différence avec les pires des régimes totalitaires dans le monde au 20ème siècle.
L’accident de voiture
A environ 18 h 30 le jeudi 14 mars 2013, une voiture s’est écrasée sur l’arrière d’un camion sur la Route 5 dans le Gouvernorat de Salfit, en Palestine occupée. La conductrice et ses trois filles ont été blessées, dont l’une – grièvement. La conductrice, Adva Biton, retournait à la colonie illégale de colons israéliens de Yakir quand l’accident s’est produit. Elle a plus tard soutenu que l’accident était du aux jets de pierres sur la voiture par de jeunes Palestiniens. Le conducteur du camion, ayant témoigné immédiatement après l’accident qu’il s’était arrêté à cause d’un pneu à plat, a ensuite changé d’avis et a déclaré avoir vu des pierres près de la route.
Il n’y a eu aucun témoin de l’accident de voiture. Personne n’a vu d’enfants ou de jeunes jetant des pierres ce jour-là.
Les arrestations
Au petit matin du vendredi 15 mars 2013, des soldats israéliens masqués, certains avec des chiens d’attaque, ont envahi le village de Hares, qui est proche de la Route 5. Plus de 50 soldats ont brisé les portes des maisons des villageois, en demandant où se trouvaient leurs fils adolescents. Dix garçons ont été arrêtés cette nuit-là, les yeux bandés, menottés, et transférés vers un lieu inconnu. Les familles n’ont pas été mis au courant des mauvaises actions alléguées de leurs fils.
Deux jours plus tard, une seconde vague d’arrestations violentes a eu lieu. Vers environ 3 heures du matin, l’armée israélienne, accompagnée par la Shabak (services secrets israéliens), est entrée dans les maisons de 3 adolescents palestiniens. Ils avaient une morceau de papier avec leur nom en hébreu. Après avoir rassemblé de force tous les membres de la famille dans une pièce, leur avoir enlevé leur téléphone, pour qu’ils ne puissent pas appeler à l’aide, et les avoir interrogés, les soldats ont menotté leurs fils, tous âgés de 16-17 ans.
“Embrasse et étreins ta mère pour lui faire tes adieux” a dit un agent de la Shabak à un garçon. “Tu pourrais ne jamais la revoir.”
Une semaine plus tard, des jeeps de l’armée israélienne sont à nouveau entrés dans le village et ont arrêté plusieurs garçons , qui étaient juste revenus de l’école. Les soldats les ont tous alignés, y compris un garçon de 6 ans, et ont menacé d’une arme à feu leur oncle qui a intercédé pour que les soldats relâchent au moins les enfants les plus jeunes. L’armée a ensuite choisi 3 garçons au hasard, leur a attaché les mains derrière le dos, leur a bandé les yeux et les a emmenés. Les familles n’ont pas été informées ni des allégations contre leurs enfants, ni de l’endroit exact où ils se trouvaient.
A total, 19 garçons, des villages voisins de Hares et Kifl Hares ont été arrêtés en relation avec l’accident de voiture des colons. Aucun d’eux n’a été auparavant impliqué dans une histoire de jet de pierres. Après des interrogatoires violents, la plupart des mineurs ont été relâchés, sauf cinq d’entre eux, qui sont restés à Megiddo, une prison israélienne pour adultes. Ce sont les garçons de Hares.
L’interrogatoire
Les garçons arrêtés ont été soumis a une suite de violences et mauvais traitements qui peuvent être considérés comme des tortures. En détention, ils ont été maintenus en détention au secret pendant plus de deux semaines. Un garçon, depuis relâché, a décrit
(http://:haresboys.files.wordpress.com/ 2013/06/hrr451.pdf)
sa cellule : un trou sans fenêtre, de 1 m de large et de 2 m de long ; il n’y avait pas de matelas ou de couverture sur lesquels dormir ; les installations sanitaires étaient sales ; les six lampes étaient allumées en permanence, amenant l’enfant à perdre la notion de l’heure ; il a eu l’impression que la nourriture le rendait malade. La présence d’un avocat a été refusée au garçon ; il a été interrogé brutalement trois fois pendant trois jours, et relâché finalement après n’avoir pas été jugé coupable lors du procès.
Les autres garçons ont fait état à leurs avocats de traitements absolument semblables. Ils ont “avoué” avoir jeté des pierres, après avoir été victimes de violences à plusieurs reprises en prison et pendant les interrogatoires.
Les accusations
Les cinq garçons de Hares sont chacun sous le coup de 25 chefs d’accusation de tentative de meurtre, apparemment 1 chef d’accusation pour chaque pierre qu’ils sont présumés avoir jetée sur les voitures qui passaient. L’accusation israélienne met l’accent sur le fait que les garçons avaient consciemment eu l’“intention de tuer” . Elle demande la peine maximum pour tentative de meurtre : de 25 ans de prison à l’emprisonnement à vie.
Le dossier d’accusation repose sur les “aveux “ des garçons, qui ont été obtenus sous la torture, et sur 61 “témoins”, dont certains avancent que leur voiture a été endommagée par des pierres le même jour sur la Route 5. Ceux-ci ne se sont révélés qu’après que l’accident de voiture ait bénéficié d’une large couverture médiatique en tant qu’ “acte terroriste”, et que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ait annoncé, après l’arrestation des garçons, qu’ “il avait attrapé les terroristes qui ont fait cela”.
Les autres “témoins”comprennent la police et la Shabbak, qui n’étaient même pas présentes à cet endroit à ce moment-là. Il n’est pas clair de savoir si les 61 “témoins” ont été correctement interrogés et si leurs réclamations ont été vérifiés avec les enregistrements en video-surveillance, et avec les donnés sur l’admission à l’hôpital, ou même si les dommages allégués ont été photographiés ou attestés d’une autre façon. Une telle information n’est toujours pas accessible aux avocats des garçons.
Les implications
Si les garçons sont condamnés, ce cas devrait créer un précédent légal qui autoriserait les militaires israéliens à condamner tout enfant palestinien ou tout jeune de tentative de meurtre dans les cas de jets de pierre.
Les garçons sont maintenant âgés de 16-17 ans. Si les militaires israéliens parvenaient à leurs fins, les garçons ne rentreraient chez eux et dans leur famille qu’à l’age –au mieux- de 41 ans. Cinq jeunes vies brisées sans preuve de leur culpabilité est un crachat sur nos principes communs de justice en tant qu’être humains.
Cet article est repris du site de l’AFPS
http://www.france-palestine.org/Sauvez-les-Garcons-de-Hares-5
(traduit de l’anglais par Y. Jardin, du GT sur les prisonniers)
Lire aussi http:// haresboys.wordpress.com(http: haresboys.wordpress.com/)