Gaza: Assassinat d’Ibrahim Abou Thouraya, handicapé devenu un héros palestinien

Amputé des deux jambes en 2008, Ibrahim Abou Thouraya protestait régulièrement, à la frontière, contre les forces israéliennes. Il y a été tué vendredi.

La perte de ses jambes n’avait pas freiné son élan militant. Tué d’une balle dans la tête, selon le ministère de la Santé de Gaza, Ibrahim Abou Thouraya, 29 ans, est l’un des quatre Palestiniens qui ont trouvé la mort vendredi 15 décembre 2017 lors de heurts à la frontière israélienne. Ces derniers y manifestaient leur opposition à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis.

La mort du handicapé a été immédiatement érigée en symbole en Palestine et sur les réseaux sociaux. « Notre martyr, vu son handicap, avait toutes les excuses pour ne pas participer à la lutte, mais cela ne l’a pas empêché de se trouver au premier rang face aux soldats de l’occupation, a déclaré le leader du Hamas, Ismaël Haniyeh, qui s’est joint samedi aux milliers de Gazaouis venus participer à son enterrement. Avec la mort d’Ibrahim Abou Thouraya, aucune excuse n’est plus valable pour ne pas combattre. »

Après l’annonce par Donald Trump du prochain déménagement de l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, le Hamas avait appelé au déclenchement d’une « nouvelle Intifada ». Il a également appelé à faire de chaque vendredi une « journée de rage » contre cette décision.

Célibataire, Ibrahim Abou Thouraya vivait dans la maison de ses parents depuis qu’il avait perdu ses jambes lors d’une incursion militaire israélienne près du camp de réfugiés d’Al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, en avril 2008. « Il avait été blessé par les tirs d’un hélicoptère israélien (…) après avoir fait tomber un drapeau israélien et hissé un drapeau palestinien le long de la frontière, a raconté son frère Samir. Mais cela ne l’a pas empêché ensuite de manifester pour Jérusalem. Il se rendait seul tous les jours à la frontière. »

Dans une vidéo filmée avant sa mort et diffusée sur les réseaux sociaux, on voit Ibrahim Abou Thouraya brandir une nouvelle fois le drapeau palestinien et faire le signe de la victoire en direction des soldats israéliens. « Je veux aller la-bas », lance-t-il en faisant allusion à Jérusalem alors qu’il est entouré de jeunes manifestants. « Cette terre nous appartient, nous ne céderons pas. L’Amérique doit renoncer à sa décision », avait-il proclamé dans une autre vidéo.

Quelques heures avant son décès, il était parvenu tant bien que mal à grimper sur un pylône électrique malgré son handicap pour y brandir un drapeau palestinien, selon des témoins et des journalistes. L’armée israélienne a annoncé dimanche l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de sa mort.

Une association, « Amis irlandais de le Palestine », avait
raconté en 2012 sur son site
son quotidien d’alors. Pêcheur avant l’amputation de ses deux jambes au-dessus du genou, Ibrahim Abou Thouraya y est présenté comme un laveur de voitures, n’hésitant pas à grimper sur les véhicules à la force de ses bras pour les faire briller. « Je ne suis un vagabond ni un mendiant, leur racontait-il. Je peux gagner ma vie. »

« Vendredi matin, il nous a dit qu’il ne reviendrait pas. Il a expliqué qu’il se sacrifierait pour Jérusalem et la Palestine. La décision de Trump l’avait rendu furieux », a raconté son frère Mohammed, 19 ans, au Monde. « Je suis fier que mon fils ait fait face aux Israéliens le torse bombé, et sans arme, a de son côté déclaré son père, Naïef Abou Thouraya. Il a donné sa vie pour Jérusalem ».

A partir de
l’article de l’Express

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