Université Lyon 2 : la jeunesse au rendez vous de la « Semaine contre l’Apartheid Israélien »

La conférence « Palestine sous Apartheid » du 22 mars à Lyon a été un incontestable succès. Une assemblée attentive de plus de 100 participants ont pu suivre l’exposé très construit d’ Adri Nieuwhof. C’est la première fois qu’une université lyonnaise accueillait en son sein une conférence dans le cadre de la « semaine contre l’Apartheid israélien » (IAW). L’implication forte des étudiants de l’université Lyon 2, en premier lieu le syndicat solidaires étudiant-e-s et l’association Art’issa ont généré ce succès.

L’exposé d’ Adri Nieuwhof a permis de mieux comprendre la situation actuelle des palestiniens et a également permis de revenir sur l’histoire de l’apartheid en Afrique du Sud. De l’histoire d’hier à l’Apartheid d’aujourd’hui, du quotidien sous occupation à la situation des universités palestiniennes, l’intervenante balaya nombre d’aspects comme autant de clés de compréhension. L’exposé se termina par le pourquoi de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

La conférence se prolongea par un jeu de questions et d’interventions très riche. Un succès de bon augure pour les années à venir.

Compte-rendu

rédaction Robert

La Palestine sous Apartheid?

conférence par Adri Nieuwhof:  Human Rights Defender

La conférencière se présente rapidement : Néerlandaise, elle a déjà participé à la lutte contre l’ Apartheid en Afrique du sud et depuis 15 ans, elle s’implique dans la lutte contre celui qui frappe le peuple palestinien et va faire une comparaison entre les deux Apartheids.
Elle utilise la projection sur écran de textes rédigés en anglais, qu’elle commente à mesure en français, aidée en cela par une traductrice bénévole.

Adri montre déjà 4 schémas géographiques que nous connaissons:

– La Palestine est en 1947, très majoritairement palestinienne. Les juifs sont vers la côte méditerranéenne

– La situation crée par le partage de 1947 décidé par l’ONU. Les palestiniens sont sur 3 territoires!

– La situation après la guerre de 1967: les Palestiniens sont rejetés dans la Cisjordanie et Gaza.

– La situation actuelle qui montre l’archipel de Palestine, émietté, morcelé, la Cisjordanie étant mangée par les colonies.

La Nakba de 1948 aboutit à l’expulsion de 800 000 palestiniens, 530 villages et villes sont attaqués et détruits et plus de 15 000 palestiniens sont tués. Interdiction est faite aux arabes de revenir!

La guerre de 1967 permet aux israéliens d’occuper Gaza , la «West Bank» les hauteurs du Golan. Elle rejette à nouveau 300 000 palestiniens de plus dans la seule Cisjordanie et la bande de Gaza.
La Cisjordanie est sous occupation militaire et actuellement 700 000 juifs vivent dans les colonies illégales. La Palestine, ou ce qu’il en reste, est morcelée. Gaza est isolée.

Pour ce qui est de Gaza, il sont 1,9 millions à être encagés dans cette prison à ciel ouvert. L’ ONU estime que la moitié (47%) sont en insuffisance alimentaire.

L’eau est très polluée et 5% de l’eau seulement est potable, il faut acheter de l’eau au prix fort à Israël.

En Cisjordanie, 4,6 millions de palestiniens sont sous occupation militaire, il y a 100 cheek-points permanents, le territoire est quadrillé par des routes réservées aux colons reliant des implantations situées sur les hauteurs.

Enfin le mur d’Israël long de 716 km -que montre une carte- est tortueux à souhait, il englobe des colonies, empiète et mange une partie des territoires agricoles palestiniens.

Après cette présentation géographique, Adri compare cette situation avec l’ Apartheid qu’avait connu l’Afrique du sud après sa promulgation en 1948 par le premier ministre Verwoerd , architecte de l’apartheid.
En réponse les Nations Unies avaient déclaré alors par l’article 55 de la charte:

« United Nations shall promote universal respect for human rights and fundamental freedoms for all men, without distinction as to race sex , langage or religion »

« Les Nations Unies proclament le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion »

En 1973 l’ ONU déclare que tout Apartheid , ou les actes inhumains, et la discrimination par des lois, est un crime contre l’humanité et que tous les pays ont le droit de punir ces actions de domination et de discrimination.(voir http://dictionnaire-droit-humanitaire.org/content/article/2/apartheid/

Mais les sionistes proclament : «Palestine as the exclusive homeland of the jewish people» cela est basé sur une conception raciale.
La loi du retour émise par Israël en 1950 ne concerne que les juifs. Il n’y a aucun droit au retour pour les palestiniens ! Alors que Les Nations Unies reconnaissent aux palestiniens le doit à l’ auto-détermination.
Il y a donc opposition absolue.

Verwoerd lui-même en1961, déclare qu’Israël pratique l’ Apartheid comme le fait l’ Afrique du sud et Desmond Tutu en 2002 compare la situation des palestiniens avec ce qu’était l’ Apartheid dans l’ancienne Afrique du sud.

Le rapport 2017 de l’ONU déclare que «sans aucun doute, Israël a imposé un système d’ Apartheid sur la totalité du peuple palestinien» mais ce rapport des prof. Richard Falk et VirginiaTilley est mis sous le boisseau !

La population palestinienne est complètement fragmentée, cela joue en faveur de la politique d’ Apartheid et en plus il y a 7,5 millions de palestiniens qui sont réfugiés ou exilés.

Les Palestiniens qui sont en Israël vivent sous la loi civile mais avec des restrictions :1,7 millions.

Ceux de Gaza et de la West Bank (4,7 millions) vivent sous la loi militaire.

Il y a plus de 65 lois israéliennes qui organisent la discrimination contre les citoyens palestiniens en Israël. Il en est de même dans les territoires occupés. cette discrimination affecte les palestiniens dans tous les domaines de la vie: droits de citoyens, politiques , éducatifs, religieux , juridiques… etc.
….

La loi du retour de 1950 permet à tout juif de revenir en Israël, alors que les palestiniens qui ont du fuir en 48 et en 67, n’ont pas le droit de revenir dans leur pays.

Jérusalem est déclarée capitale d’Israël en 1980.

La loi sur la terre de 1960 dit que la terre d’Israël ne peut pas être revendue ou aliénée ou vendue à des non juifs.

L’apartheid se manifeste aussi dans le domaine juridique : en Israël les palestiniens sont sous la justice militaire.

Dans la West Bank il y a 2 justices différentes: pour les palestiniens c’est la justice militaire, pour les juifs des colonies c’est la justice israélienne normale.

Les palestiniens font le constat du silence de la communauté internationale alors que le mur qui est le symbole frappant de l’apartheid a été condamné par l’ONU.

Rappelons que les Nations Unies proclament : «Que tout gouvernement a l’obligation légale de mettre fin à toute situation d’Apartheid».

Doit refuser de reconnaître un régime d’apartheid,

Doit refuser d’aider cet État.

En face de cette situation que pouvons nous faire ? :
Appliquer le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions.

En 2005, ce sont les palestiniens eux mêmes qui appellent au boycott , «call for BDS» jusqu’ à ce qu’ Israël sorte de l’occupation et de la colonisation, reconnaisse les droits fondamentaux et l’égalité entre juifs arabes, et reconnaisse aussi le droit au retour des réfugiés dans leur « home and properties ».

le mouvement BDS

C’est un outil pour mettre les compagnies les institutions les autre acteurs économiques ou autres, devant leurs responsabilité, en face des violations des lois internationales par Israël. Les Palestiniens demandent la continuation des actions BDS tout azimut.

Un haut commissaire pour les droits humains , dit que les états ont le devoir de tenir Israël responsable pour les crimes de guerre commis.

Une base de données établit qu’il y a 131 compagnies israéliennes qui sont basées dans la Cisjordanie, dont 20 pour les USA, 7pour l’Allemagne , 5 pour les Pays Bas et 4 pour la France ( Alstom, Egisrail , Systra , Manitou. Agresco ).

Le mouvement BDS grandit dans beaucoup de pays et ce sont surtout des entreprises du nord de l’Europe qui se retirent d’Israël.
Véolia , Orange se sont retirées d’Israël.
Des fonds de pensions se sont retirés de banques israéliennes.

Le boycott universitaire se développe car toutes les universités sont impliquées dans la colonisation et des instituts techniques travaillent pour l’armée (ex Technion à Haifa qui développe des drones militaires avec l’armée)

La doctrine israélienne Dahiya préconise de répondre aux attaques «with disproportionate force against civilian infrastructure» (voir Gaza!)

Sous cette occupation militaire les étudiants palestiniens subissent des restrictions pour voyager et aller à l’étranger, assister à des conférences .

Souvent la répression d’abat sur eux et en 2017, 80 000 étudiants ont été ciblés par des attaques de l’armée, 603 étudiants et 55 enseignants ont été blessés et 9 étudiants ont été tués.

Cela traduit le comportement d’une armée qui par ailleurs détruit parfois des écoles palestiniennes à Gaza et dans la West Bank, financées par des états européens.

Rappelons aussi que des universités palestiniennes se retrouvent fermées : Bir Zeit en 1973, 6 universités en 1987 et pour 4 ans!

Rappelons que l’Union Européenne , déclare qu’elle protège la liberté d’expression et d’association des membres de BDS (Frederica Mogherini ministre européenne des Affaires Etrangères en 2016)

Les Nations Unies demandent aux gouvernements d’agir pour arrêter le crime d’Apartheid. (U.N report Israeli practices towards the Palestinian people and the question of Apartheid)

Discussion, questions et prises de parole

– La liste des produits à boycotter?

– Les relations entre Universités françaises et Israéliennes sont à rompre

– L’Apartheid est un crime contre l’ Humanité et les crimes contre l’Humanité sont hélas des crimes d’avenir, il faut donc réagir.

En Palestine il y a bien un occupant et un occupé et l’occupant annexe des terres et sépare des populations, par la construction d’un mur de plus de 700 kilomètres et il vole l’eau des palestiniens.

Le mur vise à l’annexion totale de la Cisjordanie.

En ce qui concerne Gaza, la situation est telle que l’ONU estime qu’en 2020 , Gaza sera invivable.

Déjà beaucoup de pays comme l’Afrique du sud, le Venezuela, en Espagne la ville de Barcelone ont coupé les ponts avec Israël.

Des lectures récentes

– Jean-Pierre Bouché : PALESTINE : Plus d’un siècle de dépossession (cf au Collectif)

– Richard Falk- Virginia Tilley ( rapport aux Nations Unies, mars 2017 ) enterré par l’ONU sous pression des USA, on peut le retrouver sur internet.

(prise de notes & traduction par Robert)
après relecture et accord de Adri Nieuwhof)

TEXTE D’APPEL

Adri Nieuwhof
Chercheuse et avocate des droits humains, journaliste à « Electronic Intifada »
A fait campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud, participe à la campagne BDS.

Chaque année, depuis 2005, a lieu « l’Israeli ApartheidWeek (IAW) ».
Elle a pour objectif d’alerter sur le projet d’Israël et sa politique d’apartheid vis-à-vis du peuple palestinien. Elle entend relayer le mouvement « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » (BDS), initié par les Palestiniens.

En 2017, un rapport de l’ONU, rédigé par deux spécialistes de droit international concluait, « Israël est coupable de politiques et de pratiques constitutives du crime d’apartheid ». Ce crime est relatif « à des actes inhumains commis dans le contexte d’un régime institutionnel d’oppression systématique et de domination par un groupe racial sur un autre ou d’autres groupes raciaux et commis dans l’intention de maintenir ce régime. »

70 ans après la création de l’Etat d’Israël, de quelle histoire est issue une telle situation? Comment une politique d’Apartheid se met elle en place ? Qu’elles sont les avancées de la campagne BDS à l’échelle internationale…sont quelques unes des questions que nous vous invitons à venir débattre.

Conférence publique

7 rue Rollin 69007 Lyon

Organisé par Collectif 69 Palestine, Solidaire étudiant-e-s , Art’issa, BDS

contact : palestine69@orange.fr

Flyer Conférence d’Adri Nieuwhof à Lyon