Assemblée Générale du Collectif 69 Palestine – Rapport moral et d’orientation – 6 juin 2018

Image de la Nakba

Palestine

Triste anniversaire que cette année 2018, qui marque les 70 ans de la création de l’Etat d’Israël et l’injustice profonde faite au peuple palestinien. Si l’on regarde ces 70 ans avec les lunettes d’un optimisme réservé, l’on pourra constater que, malgré le compresseur et l’oppresseur israélien, les palestiniens sont toujours là et ont même gagné une visibilité forte. Le Soumoud, la résistance palestinienne est bien présente et le plan israélien d’invisibiliser et de nier l’existence d’un peuple est un échec. La société civile palestinienne a su remettre, à l’occasion de ses 70 ans, la Nakba au devant de la scène. Le droit au retour, que les négociations d’Oslo cherchait à dissoudre, est revenu en première place. 

Image de la Nakba
Image de la Nakba

Les palestiniens jouent leur partition dans le concert international et viennent de le rappeler avec force et courage lors des marches du retour à GAZA. Il reste, bien sûr, la politique continue d’un Etat qui commet crimes après crimes. Apartheid, occupation, annexion, colonisation, crimes de guerre et contre l’humanité forment les dures réalités vécues par tout un peuple.
Face au rouleau compresseur, l’absence de leadership, la division, la démonétisation et l’échec de l’autorité palestinienne pèsent lourd dans le rapport de force. Heureusement, le peuple palestinien conserve d’incroyables ressources de résilience et de résistance au sein de sa société civile. 

Le contexte international et régional

Mais le contexte international pèse de tout son poids sur les épaules palestiniennes. L’alignement total des Etats-Unis sur les pires desseins israéliens, la consolidation d’une alliance et d’un axe Washington/Ryad/Le Caire/Tel Aviv sont lourds de sens, non seulement pour les palestiniens mais pour la paix du monde. Les fomenteurs de chaos sont à la manœuvre et sont capables, comme toujours, du pire. Le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem constitue le énième encouragement pour Israël à poursuivre et amplifier sa politique criminelle. Face à cela, le Monde se tait et laisse faire, soutenant de facto le projet Israélien. L’exceptionnalité dont jouit Israël semble ne pas avoir de limites et le « modèle » sécuritaire israélien semble constituer pour certains pays une référence.
La politique d’Israël est cependant de plus en plus largement contestée : cette année Amnesty International a pris des positions pour le boycott militaire alors que l’organisation « Human Right Watch » voyait son dirigeant en voie d’expulsion.
La CPI est aujourd’hui sous pression. Après les 560 plaintes déposées par un groupe d’avocat animé par Gilles Devers et la saisine directe de la Palestine, la CPI joue aujourd’hui sa crédibilité. Pourra-t-elle longtemps ne réserver son instruction qu’aux seuls chefs d’Etats Africains ?… Devant l’incroyable unilatéralisme du couple Trump / Netanyahu, c’est la persistance et l’existence même du droit international qui sont aujourd’hui mis en cause.

Notre Collectif
Notre activité
Le bilan de nos actions de 2017/2018 montre une activité importante : manifestations, points d’information, conférences, communications…(voir sur notre site le bilan détaillé) L’actualité a entrainé de multiples réactions de notre part. La décision de Trump de déplacer l’ Ambassade américaine, les marches du retour, la venue de l’ambassadrice à Lyon…ont été des moments de réaction et de mobilisation.
Notre initiative de novembre : « Ensemble pour la Palestine », comme le Festival « Palestine en vue », ont été des moments de forte mobilisation pour nombre d’entre nous avec un objectif : s’adresser à un public le plus large possible. Nous avons pu cette année tenir pour la 1ère fois une conférence dans un amphi universitaire (Lyon 2) sur le thème de l’Apartheid israélien.
Les points d’informations, stands et conférences sont autant de moments pédagogiques et de maintien d’une forte mobilisation.
Notre adhésion à la campagne « Le temps de la Palestine » nous a également permis de travailler dans le cadre d’une campagne nationale, anticipant sur la mobilisation contre » la saison culturelle croisée France Israël « .
Les tracasseries administratives du type radiation de « Paypal » n’ont pas entravé notre action militante, ni nos capacités d’action.
En revanche, nous n’avons pas pu tenir notre projet de grand concert lyonnais, en mai 2018, dans le cadre du « Temps de la Palestine » suite aux entraves dressées par la municipalité de Lyon pour disposer de la Bourse du travail.
Il est, pour finir, à noter une forte augmentation des adhésions (+ 37 entre 2016 et 2017) . On arrive presque au niveau de 2014 (mais encore loin de celui de 2004)

Perspectives
Contre la saison France Israël
La saison culturelle France Israël vient de diffuser son programme. Deux manifestations autour de la danse sont prévues à Lyon, à la Maison de la danse et à Rillieux. Notons que la Maison de la danse est une récidiviste en ce qui concerne l’accueil d’une troupe israélienne. Nous nous donnons comme objectif de nous mobiliser lors de ces manifestations.

BDS toujours !
Malgré les tentatives de répression à l’encontre de la campagne de Boycott, celle-ci poursuit son développement à travers le monde. Nous sommes totalement partie prenante de cette campagne. Il reste à convaincre un public toujours plus large de l’opportunité de cette initiative, notamment dans le domaine culturel, voire universitaire.
Il faut continuer plus régulièrement sur le boycott des magasins. Même si peu de militants y participent, il est populaire et nos actions ont un écho très important notamment sur les réseaux sociaux. Pour amplifier la campagne, il serait utile que se constitue un groupe spécifique BDS, regroupant notamment des jeunes. Nous devons poursuivre les campagnes AXA et banques.


Faire œuvre de pédagogie

Il nous faut faire œuvre constante de pédagogie pour sans cesse expliquer la situation et les enjeux de la situation au Proche Orient. Répondre aux « c’est compliqué » est un impératif afin de rendre lisible ce que d’aucun tente de rendre illisible et compliqué. L’argument actuellement le plus dangereux, qui permet aux sionistes de justifier tous leurs crimes, est d’assimiler la résistance palestinienne (notamment Hamas et Jihad islamique) à « l’état islamique ». Cet argument permet de rentrer en résonance avec les campagnes menées par l’extrême droite et certains médias dominant sur le « terrorisme islamique ». Notre plaidoyer doit déconstruire ces amalgames. 

En outre, nous réitérons les objectifs inscrits dans le rapport de notre précédente assemblée générale :

Maintenir un cap large de soutien
Les impasses de la situation actuelle, la violence faite aux Palestiniens, la complicité des gouvernements incitent aux surenchères voire aux replis radicaux. C’est exactement le contraire que nous devons continuer de promouvoir : une ligne ouverte et non sectaire de soutien au peuple palestinien afin de poursuivre les explications et la construction d’un rapport de force favorable aux droits du peuple palestinien.. L’unité la plus large autour de la cause palestinienne doit être poursuivie, loin des sectarismes et esprit de boutique, c’est en quelque sorte ce qui forme l’ADN de notre collectif. (voir également l’ensemble des organisations signataires de notre charte sur http://collectif69palestine.free.fr/spip.php?article32). Nous entendons également poursuivre notre inscription dans les mouvements larges de défense des libertés (dont la liberté du boycott), comme nous l’avons fait contre l’état d’urgence, mais également notre participation et inscription dans des mouvements d’ensemble (migrants/réfugiés, Fête à Macron, Marée populaire…)

Le renforcement du réseau institutionnel et politique
Les élites (politiques, journalistiques…) restent tétanisées dès qu’il s’agit de la Palestine et d’Israël. La prudence la plus extrême s’exprime même lorsque le gouvernement israélien commet des crimes abjects. Nous devons renforcer nos liens avec les institutions politiques afin de demander la fin du statut quo qui fait le jeu de l’occupant. Nous pouvons également nous fixer comme objectif de prendre langue avec des organisations afin de renforcer le camp de la solidarité, à l’instar des liens avec la LDH, CIMADE, CCFD, Artisans du Monde, CGT, Confédération paysanne…

Renforcer la présence des jeunes dans nos instances

Il est nécessaire que la jeunesse, si présente dans les mobilisations, ait toute sa place dans nos instances d’animation (CA…). Nous les appelons à prendre toute leur place dans la pérennisation de notre structure. Le travail et la communication en milieu universitaire est un objectif important pour les année à venir.

Former et renouveler nos moyens d’action

L’expérience passée de sessions de formation sur l’histoire et le pourquoi de la situation pourrait être renouvelée afin d’armer notamment la jeunesse à la question palestinienne. Si les formes, comme les manifestations, rassemblements, conférences… sont toujours pertinentes, il nous faut réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation.

Merci à tous ceux et à toutes celles qui s’engagent et contribuent à la mobilisation en faveur du peuple palestinien.


Jérôme Faÿnel, Président, et le Conseil d’Administration