INFO-PALESTINE MARS 2023

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Revue de presse mensuelle réalisée par le groupe
de travail communication/médias de l’AFPS Lyon :
l’alibi menacé
Des milliers de personnes descendent chaque semaine dans les rues de Tel Aviv pour dénoncer la réforme du système judiciaire voulue par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou. Cette réforme inquiète les défenseurs de l’État d’Israël qui y voient une menace pour la démocratie et surtout une menace pour son image.
Pendant des décennies, Israël et ses soutiens ont utilisé l’image de pays démocratique comme bouclier pour se mettre à l’abri des critiques. Cette image a été leur grand alibi. Elle a servi à masquer l’odieux caractère colonial de la société israélienne et tout ce qu’elle implique en matière de persécutions, de violence, de spoliations, d’humiliations, d’injustice, de discriminations à l’encontre des Palestiniens, en Israël même, dans les territoires occupés et à Gaza.
« Israël seule démocratie du Moyen-Orient  » menacée d’autodestruction ! Le désarroi est grand dans les rangs de ses défenseurs. Dans une tribune au journal Le Monde, Maurice Levy, Président du conseil de surveillance du groupe Publicis et soutien inconditionnel d’Israël, lance un pathétique cri d’alarme à Netanyahou : « Ne soyez pas celui qui va endommager, voire détruire, un pan de l’image d’Israël au point d’handicaper sa diplomatie et son économie ». (Le Monde le 22 mars 2023). Ce qu’ils cherchent à sauver c’est l’incroyable fable instaurée autour de « Israël État démocratique », fable qui a servi, jusqu’à l’obscénité, à faire oublier que, depuis sa création, Israël n’a cessé de martyriser les Palestiniens, n’a cessé de nier leurs droits, n’a cessé de violer le droit international.
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3 mars :
L’armée israélienne réprime la marche de solidarité à Huwara. Vendredi 3 mars, les forces israéliennes ont utilisé des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes pour empêcher des centaines de manifestants israéliens d’entrer dans le village palestinien de Huwara, en signe de solidarité, après l’attaque de colons la semaine dernière. La manifestation était menée par des groupes israéliens de gauche appelant à la fin des violences israéliennes contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, qui ont coûté la vie à au moins 65 Palestiniens depuis le début de l’année. (The New Arab)

– Contre les réformes liberticides et contre les pogroms. Depuis les exactions commises, dimanche 26 février, par des colons israéliens contre les habitants palestiniens du village d’Huwara, la protestation croît dans toute la population d’Israël. Le mot de « pogrom », avec toutes ses connotations sinistres est maintenant ouvertement prononcé par de nombreux intellectuels, écrivains, comme Etgar Keret ou historiens, comme David Blatman, spécialiste du nazisme. Jusqu’au général Yehouda Fuchs, le plus haut gradé en poste dans les territoires occupés. (Courrier de Standing Together)

4 mars : Les colons israéliens appellent à une deuxième nuit de violence à Huwara en Cisjordanie et menacent de « détruire » la ville. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, également responsable de l’administration civile d’Israël en Cisjordanie occupée a, lui, précisé : « Le village palestinien de Huwara devrait être anéanti. C’est l’État qui doit le faire et non les citoyens privés« . Les États-Unis ont dû condamner ces commentaires les qualifiant de « répugnants, irresponsables et dégoûtants ». (Middle East Eye)

7 mars : Les forces israéliennes tuent six Palestiniens lors d’un raid de jour à Jénine. L’opération a commencé de jour mardi lorsqu’une unité israélienne secrète a été découverte dans le camp de réfugiés de Jénine. Parmi les victimes figure Abdel Fattah Hussain Kharousha, 49 ans, l’homme qui, selon Israël, est à l’origine d’une fusillade le mois dernier près de la ville de Naplouse qui a tué deux colons israéliens. Au moins 26 autres personnes ont été blessées, dont trois dans un état critique, selon le ministère palestinien de la Santé. (Middle East Eye)

– En Israël, révolte inédite des réservistes de l’armée. Depuis deux semaines, des réservistes refusent de servir. Des centaines d’anciens pilotes de l’armée de l’air, d’ex-membres du renseignement et des commandos multiplient les pétitions. Ils protestent contre la réforme de la justice, menée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui vise à libérer l’exécutif de toute supervision judiciaire indépendante. (Le Monde)

-Bezalel Smotrich, le colon radical qui impose sa marque au gouvernement israélien. Il vient d’être chargé par Benyamin Netanyahou de l’administration des colonies de Cisjordanie occupée. « Je suis un fasciste homophobe, mais je suis un homme de parole. » Ainsi se définissait-il lui-même, dans une conversation privée dont la chaîne publique Kan a diffusé un enregistrement en janvier. Suprémaciste juif, raciste, Bezalel Smotrich rêve d’un Etat théocratique, soumis à la loi religieuse. Un Etat qui s’étendrait de la Méditerranée au Jourdain, sur toute la Terre sainte. (Le Monde)

9 mars : Trois blessés dans un attentat à Tel Aviv. La tension ne retombe pas : trois personnes ont été blessées par balles à Tel-Aviv sur l’avenue Dizengoff dans un « attentat terroriste » dont l’auteur a été abattu par la police israélienne, jeudi 9 mars en début de soirée. (Le Monde avec AFP)
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– Bezalel Smotrich, le colon fasciste et raciste n’est pas le bienvenu en France ! Il est invité à Paris le 19 mars à une conférence organisée par deux officines sionistes : Israël Is Forever et le Fonds national juif (FNJ) ou Keren Kayemeth LeIsrael (KKL) pour commémorer la mémoire de Jacques Kupfer, partisan « du grand Israël ». (…) La présence en France, d’un des plus farouches partisans de l’élimination des Palestiniens est une véritable provocation. Elle est une insulte aux valeurs de la République, à la justice et au Droit international et à la démocratie. (Communiqué de l’AFPS)

– Trois Palestiniens ont été tués jeudi 9 mars par les forces israéliennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, a annoncé le ministère palestinien de la Santé, les autorités israéliennes les accusant de faire partie du mouvement Djihad islamique. Les trois hommes sont tombés « en martyr », abattus par les forces israéliennes à Jaba, petite ville au sud de Jénine, selon un communiqué du ministère palestinien de la Santé, précisant qu’ils étaient âgés de 22, 25 et 26 ans. (Le Figaro avec AFP)

10 mars : Du danger de traiter Smotrich comme une anomalie. Smotrich est en train d’être transformé en paria, mais avec pour effet de légitimer l’appareil d’apartheid qu’il a hérité de ses prédécesseurs.En qualifiant un ou deux politiciens extrémistes d’inacceptables, les communautés juives peuvent éviter la nécessité d’analyser la manière dont Smotrich et Kahane concrétisent les pulsions les plus profondes du projet sioniste. (Edo Konrad, +972 Magazine)

12 mars : Trois Palestiniens tués par l’Armée israélienne en Cisjordanie. Trois combattants Palestiniens ont été tués dimanche 12 mars avant l’aube dans un échange de tirs avec des soldats israéliens près de Naplouse. Les trois victimes sont âgées de 18, 22 et 24 ans, selon le ministère de la santé palestinien. Ils étaient membres de la Fosse aux lions, a fait savoir le groupe armé qui a émergé en 2022 à Naplouse. Le groupe de combattants palestiniens aurait attaqué des soldats en zone B, sous contrôle israélien, à l’ouest de Naplouse. (Le Monde avec AFP)

13 mars : Israël grand perdant du rapprochement entre Téhéran et Riad ? Ce rapprochement apparaît comme un désaveu saoudien de la politique de confrontation croissante que mène l’État hébreu face à Téhéran. Selon Aziz Alghashian, spécialiste de la politique étrangère saoudienne vis-à-vis de l’État hébreu au Richardson Institute le rapprochement irano-saoudien « marque l’échec de la tentative d’Israël de rallier Riyad à un bloc anti-iranien, car l’Arabie saoudite ne veut pas se retrouver prise entre deux feux en cas d’escalade militaire » (L’Orient-Le Jour)

15 mars : France 24 se sépare d’une journaliste et rappelle à l’ordre trois autres après des accusations d’ »antisémitisme ». Un observatoire des médias pro-israélien a déterré d’anciennes publications sur les réseaux sociaux pour accuser ces quatre journalistes arabophones d’« apologie du nazisme ». Pour leurs défenseurs, c’est leur couverture pro-palestinienne qui est en cause. (Middle East Eye). Le très pro-israélien The Times of Israël parle de « propagande anti-israélienne », laissant entendre que c’est, en fait, la position de ces journalistes sur le conflit israélo-palestinien qui est en cause (The Times of Israël du 16/03/2023)

16 mars : Cisjordanie ; Quatre Palestiniens tués dans un raid israélien sur Jénine jeudi. Parmi les personnes tuées figuraient Omar Muhammad Awadin, 16 ans, ainsi que Youssef Saleh Barakat Shreim, Nidal Amin Zaidan Khazem et Louay Khalil Al-Zughair. Dix-huit autres personnes ont été blessées par balle et hospitalisées. Les fusillades de jeudi portent le nombre de Palestiniens tués par les Israéliens cette année à au moins 85, dont 16 enfants. (Middle East Eye)

17 mars : A Nancy : la liberté d’expression rétablie pour Salah Hamouri et pour la solidarité avec la Palestine. Par une ordonnance rendue le 16 mars peu après 19h, le Tribunal Administratif de Nancy a suspendu l’arrêté d’interdiction pris la veille par le préfet de Meurthe et Moselle, qui visait une conférence-débat organisée par l’Association France Palestine Solidarité Lorraine Sud, conjointement avec d’autres partenaires et l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, qui a pu donc, s’exprimer en public le soir-même à Nancy. (Communiqué de l’AFPS)

– En Cisjordanie, les fermes pastorales, nouvel outil d’expansion des colons. Les colonies israéliennes se servent désormais de bergeries pour étendre leur surface au détriment des villages palestiniens, de plus en plus enclavés et privés de leurs pâturages. Ce phénomène, qui s’est accéléré depuis 2017, est conforté par l’arrivée de l’extrême droite au nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou. (Le Monde)

20 mars : Diatribe anti-palestinienne de Bezalel Smotrich à Paris. Le ministre ultranationaliste israélien, a participé, dimanche 19 mars, à une soirée de gala organisée par Israel is forever, une association française juive proche de l’extrême droite, au cours de laquelle il a déclaré : « Il n’y a pas de Palestiniens, car il n’y a pas de peuple palestinien. Le peuple palestinien est une invention de moins de cent ans. Est-ce qu’ils ont une histoire, une culture ? Non, ils n’en ont pas. Il n’y a pas de Palestiniens, il y a juste des Arabes. ». Informés à la dernière minute du changement de salle, seule une poignée de juifs français ont réussi à venir manifester aux abords des Salons Hoche protégés par un important déploiement policier. (Le Monde)

21 mars : La France condamne (!?) les propos de Smotrich niant l’existence du peuple palestinien. La France a dénoncé mardi les propos du ministre israélien Bezalel Smotrich. « … qui sont indignes et irresponsables. Nous appelons les personnes qui ont été appelées à de hautes fonctions au sein du gouvernement israélien à faire preuve de la dignité requise, à respecter celle des autres et à s’abstenir de toute action ou déclaration contribuant à l’escalade des tensions  », a commenté le ministère français des Affaires étrangères lors d’un point de presse. (The Times of Israël) Contrairement au titre de The Times of Israël, la France ne condamne pas les propos haineux de ce sinistre personnage, elle donne un conseil de modération à un ami.

24 mars : En Israël, la politique pro colonies du gouvernement suscite des tensions avec les États-Unis. L’ambassadeur israélien à Washington a été convoqué mardi après que l’État hébreu eut abrogé l’interdiction faite à ses citoyens d’accéder à des zones de Cisjordanie évacuées en 2005. Un tel rappel à l’ordre est rare. Il est inédit sous la présidence Biden, jusque-là plutôt arrangeante avec la coalition de conservateurs, de religieux et d’ultranationalistes au pouvoir en Israël. (Le Monde)

26 mars : La mobilisation historique des juifs américains face à la dérive d’Israël. La réforme judiciaire engagée par le gouvernement Netanyahou suscite un rejet inédit dans la diaspora aux Etats-Unis, où de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le tournant extrémiste de la coalition au pouvoir. Une contestation, une révolution, ou un réveil ? Il serait exagéré de parler d’unanimité chez les quelque 7,5 millions de juifs américains. Mais la tendance est claire. (Le Monde)

27 mars :
Israël a consulté la Pologne au sujet de la refonte du système judiciaire. Pawel Jablonski, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a déclaré que la Pologne « a partagé » ses expériences à cet égard. La Pologne a connu un recul démocratique depuis que le gouvernement a réduit l’autorité du pouvoir judiciaire. (The Times of Israël)

28 mars : En Israël, Netanyahou concède une « pause » et sauve sa coalition. Acculé par un mouvement de protestation sans précédent dans l’histoire d’Israël, le premier ministre a fini par plier. Il a concédé « une pause » dans son entreprise, qui vise à abolir l’indépendance politique de la Cour suprême, de l’avocate générale et des conseillers juridiques, uniques contre-pouvoirs institutionnels encadrant l’exécutif et la majorité parlementaire. Il renvoie l’examen de ces textes au mois de mai, après les vacances parlementaires de la Pâque juive, qui s’ouvrent le 4 avril. (Le Monde)

– Israël annonce des plans pour 1 029 nouveaux logements en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. L’autorité foncière israélienne a récemment lancé des appels d’offres pour de nouvelles unités de logement dans trois zones de la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, en dépit des engagements pris par Israël à Sharm El Sheikh le 19 mars « de cesser de discuter de toute nouvelle unité de colonisation pendant quatre mois et de cesser d’autoriser tout avant-poste pendant six mois« . (The New Arab)

30 mars : Des milliers de militants de droite se sont rassemblés à Tel-Aviv jeudi soir pour soutenir la refonte judiciaire prévue par le gouvernement Netanyahou, scandant des slogans tel que : « Le peuple demande une réforme judiciaire  » et « Bibi, roi d’Israël ». Des militants de droite font circuler sur WhatsApp des appels à la confrontation avec les journalistes couvrant l’événement et les manifestants de gauche. (Haaretz)

– La Marine nationale française participe à un exercice militaire avec Israël. La Marine nationale française participe cette semaine à un exercice international en mer Méditerranée mené par la marine israélienne, en collaboration avec la Grèce, Chypre, l’Italie et les États-Unis, a rapporté l’ambassade de France en Israël. La France et Israël entretiennent des liens étroits en termes de défense militaire. (The Times of Israël)