Solidarité avec les femmes palestiniennes

À Gaza et en Cisjordanie, ce n’est pas une guerre que l’État israélien continue de mener, mais un génocide, une tentative d’anéantissement biologique, démographique, du peuple palestinien, et les femmes sont au cœur de ce projet. Les femmes ne sont pas des « victimes collatérales ». Elles sont consciemment visées et touchées de façon disproportionnée.

Bombarder des maternités, des zones d’évacuation ou de distribution de nourriture, affamer des femmes enceintes ou allaitantes, ce n’est pas mener une guerre. C’est pratiquer une violence de genre pour imposer sa domination, c’est tenter d’effacer un peuple, et singulièrement les femmes qui en sont le ciment.

Au mois d’avril dernier, le nombre de femmes tuées à Gaza depuis le 7 octobre 2023 est estimé à 12 000 : des journalistes, des médecins, des avocates (n’oublions que 73 % des personnes qui fréquentent (ou fréquentaient) les universités palestiniennes sont des femmes. Toutes ont été prises pour cibles, laissant des milliers d’enfants sans mère. Parmi les blessées, plus de 2 000 femmes ont été amputées d’un membre et se voient dans l’impossibilité de vivre normalement, alors même que chacune des tâches de la vie quotidienne est devenue un défi.

En Cisjordanie aussi, les femmes sont victimes de violences et de meurtres. En 2024, 25 ont été tuées par l’armée d’occupation israélienne ou par les colons. Combien seront-elles en 2025, alors que les violences atteignent des sommets ?

Dans ce génocide sans pitié, le cas des femmes enceintes est particulièrement pathétique. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, il y avait à Gaza en août dernier quelque 50 000 femmes enceintes. Nombre d’entre elles survivent avec un seul repas quotidien composé d’une conserve ou de pain moisi. Plus de 15 % souffrent de malnutrition et d’anémie sévères, de déshydratation et d’infections non traitées.

À l’hôpital Nasser de Khan Younès, bombardé le 26 août, un médecin de l’UNICEF rapporte que des femmes ayant accouché sont allongées avec leurs nouveau-nés dans les couloirs. Plusieurs prématurés doivent se partager une seule source d’oxygène. D’autres maternités doivent même fonctionner sans couveuse, sans électricité, sans eau potable. On y accouche à la lumière de torches. Des césariennes ont dû être pratiquées sans anesthésie.

Selon l’OMS, plus de 50 000 fausses couches auraient eu lieu depuis le 7 octobre. Sans nourriture, soins, ni abri, des femmes enceintes ont perdu leurs bébés en fuyant les bombardements, souvent contraintes d’accoucher ou de saigner seules dans des conditions inhumaines.

Le sort des dizaines de prisonnières palestiniennes détenues par Israël, dont des mineures, est encore plus catastrophique. Une commission d’enquête internationale a fait état d’« abus généralisés et systématiques et [de] violences sexuelles et sexistes » commises dans les prisons. Ces pratiques sont commises soit sur ordre explicite, soit avec un encouragement implicite des dirigeants, qui préconisent une politique de dégradation et d’humiliation. Elles bénéficient d’une impunité totale. Des témoignages venus du Centre pénitentiaire pour femmes de Damon attestent aussi que la malnutrition y fait des ravages.

« Les femmes de Gaza n’ont jamais prétendu être plus fortes que leurs fardeaux », écrit l’écrivaine palestinienne Eman Afana, même si le monde loue leur courage et leur résilience. Elles sont épuisées et souhaitent seulement pouvoir se réveiller le matin sans craindre que l’eau et le pain ne viennent à manquer ou qu’une nouvelle frappe aérienne ne mette fin à tout. Comme toutes les femmes du monde, elles aspirent à vivre sans peur, à élever leurs enfants en toute sécurité, au droit à la joie, au repos, à la vulnérabilité sans honte.

Comme l’écrit Eman Afana « Si l’histoire de cette terre doit être écrite, qu’elle le soit avec la vérité sur ce qu’ont enduré les femmes de Gaza »

N’oublions pas les femmes palestiniennes, soutenons-les ! Vive la résistance des femmes palestiniennes !