Vidéo : La Palestine avant 1948

Cette petite vidéo prouve l’existence de la Palestine avant 1948 que le mouvement sioniste s’efforce à nier en révisant l’histoire et en cherchant à effacer quotidiennement toutes les traces historiques, archéologiques, culturelles …
Que nous donnent à voir ces photos ?
L’émergence d’une petite et moyenne bourgeoisie essentiellement urbaine. Tout à fait normal , c’est dans ce milieu social que l’on a les moyens d’avoir un appareil photo ou de payer un photographe lors de fêtes familiales ou sportives .
Qu’en est -il de la réalité sociologique et économique de la population arabe de Palestine ?
Voyons les chiffres des recensements :
Les photos concernent donc un petit 30 % de la population palestinienne
– Malgré ce caractère réducteur, le mérite de ces photos est de nous restituer l’image d’une partie de la société palestinienne et de son économie en mouvement et en progrès, en mesure de prendre à la sortie de la 2ème guerre mondiale, le destin de tout un peuple en mains.
PLUS D’INFOS
« données socio-économiques concernant la population arabe de Palestine de 1922 à 1948 »
Les photos concernent donc un petit 30 % de la population palestinienne
. Il est intéressant de se pencher sur les 70 % de celle-ci. La société rurale palestinienne est loin d’être homogène
– Dans la plaine côtière , le développement de la culture des agrumes , des légumes et des fruits s’est révélée immédiatement rentable, la bourgeoisie des villes a largement investi dans les campagnes dans le cadre des propriétés de taille relativement moyennes mais de bon rapport.
– dans les vallées de l’intérieur en particulier dans le nord, la bourgeoisie de Beyrouth a constitué de très grandes propriétés, enregistrant en son nom des terres plus ou moins délaissées jusque là et les a fait exploiter de façon extensive par un paysannat misérable réduit à la condition de tenancier de la terre.
– dans les régions des collines, le terroir reste souvent exploité en co-propriété sous forme d’utilisation collective avec répartition régulière des parcelles entre les « hamula », groupes de paysans fondés sur le lignage. C’est le système dit « musha ». La propriété y est beaucoup plus présente qu’ailleurs, mais les notables urbains des grandes villes musulmanes (Naplouse, Jerusalem, Hebron) ont réussi à s’introduire dans le système transformant des paysans en métayers et en contrôlant l’ensemble par l’usure.
– dans les régions steppiques du Neguev, les Bédouins en voie de sédentarisation pratiquent une culture sèche itinérante.
Cette situation aggravée par la crise agricole qui frappe l’agriculture arabe à partir de 1928 explique pour partie l’acquisition des terres par les fonds juifs (paysans poussés par la misère, notables libanais séparés de leurs propriétés par l’établissement de la frontière mandataire entre le Liban et la Palestine en 1918).L’économie urbaine arabe demeure fondée sur le commerce et l’artisanat, le 1er produit industriel est le savon de Naplouse acheté par les musulmans du Proche Orient pour sa pureté
A partir de 1920, la progression du niveau de vie arabe est sensible, tiré successivement par le rôle moteur joué par les agrumes et le boom de la seconde guerre mondiale (le taux de croissance annuel du PIB de l’économie arabe entre 1922 et 1947 est de 6,5 % et de 3,6 % par personne ; meilleure performance de tout le Proche Orient.
C’est la bourgeoisie urbaine qui en a été la principale bénéficiaire : éducation des filles comme des garçons, santé, infrastructures portuaires, réseaux de communication, sports, loisirs, développement urbain, automobile. C’est ce monde qu’illustrent les photos.
Pendant la seconde guerre mondiale, la Palestine devient une base arrière des alliés. L’économe de guerre crée un puissant mouvement d’industrialisation tout en intensifiant la production agricole.
Le progrès de la production est spectaculaire, deux considérables évolutions en découlent , d’une part le plus que quintuplement en valeur de la production agricole permet à la paysannerie arabe de liquider d’un seul coup son endettement, d’autre part la montée des secteurs non agricoles est la démonstration de la consécration de la bourgeoisie arabe, principal trait de l’évolution sociale arabe sous le mandat. Le développement de l’économie industrielle arabe ainsi que le fort emploi de main d’œuvre arabe dans le secteur d’État ou étranger (pétrole) renforcent les effectifs ouvriers et permettent l’affirmation d’un mouvement syndical arabe.
n.b. les parties du texte en italique sont extraites du tome 2 de « La Question de Palestine » publié chez Fayard, de l’historien arabisant Henry Laurens