Consulter l’article sur l’arrestation et la manifestation du premier mai

Le Procureur a dit alors que nous étions source de danger pour l’Etat, et qu’il s’opposait à notre libération jusqu’à la présentation de l’acte d’accusation, étant donné que « [nous avions] frappé des soldats et causé des problèmes avec les soldats », et que ceci présente un danger et se déroule en de nombreux lieux.

L’avocat a fait remarquer que les personnes arrêtées étaient au nombre de sept, dont un Israélien et un Britannique qui avaient été libérés quatre heures plus tard, alors que les autres demeuraient détenus – demandant pourquoi cette distinction entre civils.

Le juge a alors déclaré : « Je ne considère pas qu’ils soient source de danger pour l’armée et j’ordonne leur mise en liberté immédiate, mais je leur impose une caution de 5000 NIS. »

Le procureur est alors intervenu pour dire : « Nous avons le droit de faire appel jusqu’à ce que nous ayons fini d’établir l’acte d’accusation, et nous nous opposons à leur mise en liberté jusqu’à ce que nous présentions l’acte d’accusation ».

Le juge a répondu : « OK. Vous avez deux jours pour ce faire ».

Et ils nous ont renvoyés en prison.

Au tribunal:  » Ils n’ont rien fait, mais nous ne pouvons pas les libérer, et ils doivent payer ».

Nous sommes retournés au tribunal le 7 mai. La même histoire s’est répétée avec un autre juge. Cette fois il a augmenté la caution : « J’estime qu’il est correct de fixer la caution à 10000 NIS et de les libérer. »

Le procureur a dit « Non. Nous n’avons pas terminé. Nous avons encore besoin de temps pour l’acte d’accusation, et c’est notre droit. »

Le juge a répondu : « D’accord, nous vous accordons trois jours, et c’est le dernier délai. »

Enfin nous sommes repassés au tribunal mardi 12 mai, et le procureur n’avait rien à retenir contre nous, mais le juge a dit que nous devions payer : 20000 NIS pour Mahmoud, 20000 pour Azmi, et 10000 pour Mustafa.

Tribunal pour Mohammed Brijya et son frère Hasan

Leur cas est plus compliqué parce qu’ils ont été déjà arrêtés en 2007 et 2008 lors des manifestations : c’était une bonne excuse pour que le procureur fasse appel contre eux, et retarde au maximum la décision du tribunal.

Le plus étrange, c’est qu’ils veulent nous punir en nous gardant en prison sans raison le plus longtemps possible. Ils nous réclament aussi de l’argent à titre de punition collective.

De la prison au Tribunal

J’ai vu Jérusalem. Je l’ai traversée.

Les pires moments, c’était quand on entendait la sirène des véhicules de police qui venaient nous chercher à la prison pour nous emmener au tribunal.

Ils nous appellent et nous forcent à nous courber, la tête baissée, les uns derrière les autres, les mains sur les épaules de celui qui précède. Ils nous poussent dans les véhicules spéciaux, où on se croirait dans une caverne, où on ne distingue pas les autres, entassés à cinq là où il y a de la place pour deux, avec les pires soldats que j’aie jamais vus de ma vie. Je les entends parler entre eux, parfois en hébreu, parfois en russe.

En tous cas nous avons pu passer par Jérusalem. J’ai pu en sourire, mais je n’ai pas pu la voir.

Les journées de prison

Humiliation extrême de la part des soldats, en particulier pendant l’appel. Ils nous mettent à genoux, les mains dans le dos, tête baissée. Pas moyen de parler, pas moyen de bouger, en vêtements spéciaux.

De plus la nourriture vous rend malade tout le temps : elle est avariée. La situation sanitaire est catastrophique. Quel que soit votre problème, il n’y a que de l’aspirine. Nous avons annoncé plus d’une fois que nous ne voulions plus manger, que nous allions faire une grève de la faim. Alors ils sont venus négocier avec nous. Nous leur avons dit que, loin des questions politiques, nous sommes des êtres humains, et que nous devons être traités comme tels : « Ce n’est pas nécessaire d’être ainsi à genoux, tête baissée, pendant l’appel. Quel genre d’humiliation pratiquez-vous contre nous ? Nous voulons que cela cesse. C’est une honte de nous traiter ainsi. Nous ne sommes pas à Guantanamo, nous sommes en 2009, nous ne vivons pas dans l’Europe du Moyen Age. »

Ceci fait partie de ce qui se passe dans les prisons israéliennes pour plus de 10000 prisonniers.

Mahmoud