Compte-rendu de la conférence de Jacques Fontaine : géographe, auteur du cahier de l’AFPS

Avec correctif du 5 décembre 2017

« l’eau, enjeu du conflit israélo-palestinien »
(réédition modifiée de 2016) – – Lyon le 22 novembre

3 points successifs :

• 1) un bilan

• 2) la politique sioniste,

• 3) ségrégation et dépossession

1) La répartition : entre un peuple dominateur et un peuple dominé

8,5 millions d’israéliens et 5 millions de palestiniens  vivent sur 27000 km2 soit le 1/3 de Rhône-Alpes.
Il faut répartir la pénurie dans un pays sec. Les normes internationales sont de 1000 m3 par habitant et par an, mais là bas les ressources sont de 300 m3 pour les israéliens et de 73 m³ pour les palestiniens.
La situation ne fait qu’empirer et Gaza devient invivable , la pluviométrie est très faible dans une zone semi désertique.

Les aquifères : nous distinguons, l’ensemble du haut Jourdain, la sphère littorale et les 3 aquifères de Cisjordanie.

Israël capte beaucoup d’ eau des rivières et sur 100 m3 utilisés par Israël, il y en a la moitié qui vient des pays voisins. Il y a pénurie d’eau, mais Israël dessale 500 millions/m3 d’eau de mer par an, cette eau revient à 1 dollar le m³ .
Israël devient auto-suffisant, sa consommation est 4 fois supérieure à celle des palestiniens.

2) Le sionisme politique.

Dès le début les sionistes ont eu la préoccupation de l’eau.
Théodore Herzl avait eu cette 1er idée de creuser un canal depuis Haïfa, en direction de la vallée du Jourdain (à 250 m au moins en dessous du niveau de la mer) elle fut abandonnée pour diverses raisons.

Dés 1919, Le plan de partage de Weizman met l’accent sur l’alimentation en eau venant des sources du Mont Hermon et du Litani
Dés les années 20 , il y a accaparement de l’eau, développement de l’irrigation et se mettent en place des compagnies pour l’agriculture soutenues par le Yschouv – qui est un proto état juif – . Le mandat britannique favorise l’implantation juive.
Des la fin des années 40, les Israéliens construisent le « grand conduit national »  qui pompe l’eau du lac de Tibériade, alors que cette eau devrait couler dans le Jourdain.

Carte de G. Mutin : L’eau dans le Monde Arabe (Ellipse 2000)

De haut en bas :

– Le Golan Syrien château d’eau régional est occupé par Israël.

– L’eau du Jourdain est détourné vers Israël par le « conduit national Israélien » à partir du lac de Tibériade. (société Mékorot)

– Les nappes de Cisjordanie sont les plus importantes, mais les pompages et les détournements d’eau israéliens accaparent 80%
des nappes de Cisjordanie

– Le Jourdain n’est plus qu’un filet charriant les eaux usées

– La mer morte est promise à l’assèchement

La guerre de 1967 permet enfin de tenir la vieille promesse de Ben Gourion : « on prend ça d’abord et on prendra le reste ensuite »
La guerre de 1967 place les aquifères de Cisjordanie sous la domination de l’armée israélienne et un « ordre militaire » interdit aux palestiniens de creuser de nouveaux puits et oblige l’installation de compteurs sur puits existants.
La conférence Oslo 1 ne traite pas de la question de l’eau, A la conférence d’Oslo 2 la question de l’eau est discutée mais de fait sa gestion est laissée à la mauvaise volonté des israéliens.

3) Ségrégation et dépossession

En Cisjordanie la situation est très différente pour les palestiniens dont
l’approvisionnement est le 1/4 de celui des colons juifs, voire beaucoup moins parfois : l’eau va aux colons et pas dans les villages qui reçoivent une eau livrée par camion et qui peut être 7 ou 8 fois plus chère que celle des colons juifs !.
Dans la vallée du Jourdain (en Cisjordanie), et dans le Néguev (qui fait partie d’Israël) les villages bédouins sont sans cesse détruits par l’armée d’occupation.

A Gaza les infrastructures ont été détruites, les pollutions sont croissantes , il n’y a que de l’eau polluée (nitrates , métaux lourds) ou salée ( biseau dans la nappe phréatique)
les stations d’épuration ont été détruites par Israël et les gamins de Gaza se baignent dans la pollution.

Bombardement de l’assainissement de Gaza

Selon l’ONU Gaza ne sera plus vivable en 2020.

En résumé « le droit à l’eau » c’est pour Israël, pas pour les palestiniens, cela s’appelle « l’apartheid de l’eau »

Les perspectives: C’est le projet de canal Mer Rouge à la Mer Morte (moins 422m) avec une usine hydroélectrique et une usine de dessalement de l’ eau de mer. Mais le coût du pompage sera très élevé et cette réalisation ne sera jamais rentable.

La discussion : elle tourne très vite sur la politique et dénonce les alliances tordues qui se font et défont dans la région avec le retour à la guerre froide (USA-Israël-Arabie Saoudite-Egype d’un côté et RUSSIE-Iran-Syrie de l’autre) et les risques d’intervention nucléaire d’Israël. Déjà en 1973, Israël aurait menacé de bombarder le haut barrage d’Assouan pour inonder l’Égypte.

La domination de l’eau pour Israël est une arme, elle a été l’un des facteurs de l’invasion du sud Liban, elle a justifié l’expulsion des populations du Golan.
Aujourd’hui, la situation est bloquée, les gouvernements européens sont inféodés à Israël et les gouvernements français depuis L. Jospin sont complaisamment alignés sur l’État Hébreux.

Prise de notes 
R. Petiot Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

« Avec la question de l’eau, la bataille pour le droit au droit que mène le peuple palestinien prend ici sa dimension première : le droit à la vie, un droit universel par excellence » (Jacques Fontaine)

Conférence organisé par le Collectif 69 Palestine et l’AFPS

Cette conférence prend place dans le cadre du Collectif Initiative de Solidarité Internationale, et d’un Festival de l’eau bien commun qu’il a initié.

C’est depuis septembre 2017 que le Collectif 69 Palestine participe aux réunions de ce Collectif Initiative de Solidarité Internationale, qui a succédé au CADR (Collectif des Associations en Rhône Alpes) disparu en mai 2017.