LYON : L’Entreprise Egis Rail doit renoncer à construire le tramway de l’annexion (Jérusalem)

Jérusalem: des entreprises françaises construisent le tramway de l’annexion
La France après avoir participé activement à la création de la première ligne du tramway de Jérusalem avec les entreprises Alsthom, et Egis Rail se prépare à renouveler ce forfait. En effet ces deux entreprises sont impliquées dans la conception et la construction des nouvelles lignes de tramway qui doivent relier la partie Ouest de la ville aux blocs de colonies illégales au regard du droit international.

C’est ce que révèlent, dans un rapport rendu public ce mercredi
(Télécharger le rapport ) , huit associations, syndicats et ONG, dont la CFDT, la CGT, la Ligue des droits de l’homme et l’Association France Palestine solidarité.
Egis Rail
Egis Rail est une filiale du groupe Egis, spécialisée dans l’ingénierie des transports urbains guidés et ferroviaires. En 2015, Egis Rail a réalisé un chiffre d’affaires de 158 millions d’euros et compte 1355 collaborateurs répartis dans le monde. Elle possède un bureau à Jérusalem.
Egis Rail a été créée en 1968 sous le nom de Semaly (Société d’économie mixte de l’agglomération Lyonnaise) pour la création du métro de la ville de Lyon.
La Caisse de Dépôt et consignation est l’actionnaire majoritaire d’Egis à 75%, ce qui implique la responsabilité de L’État français.
Un projet colonial et d’annexion
Si la France condamne en parole la colonisation de Jérusalem-Est par Israël, et notamment le transfert de l’ambassade US, elle la soutient dans les faits par la réalisation de ces lignes de tramway qui jouent un rôle majeur dans le développement et la pérennisation de l’occupation qui date d’un demi-siècle.
À terme, ce réseau qui, selon les plans, comprendrait trois lignes principales (voir plus bas), sera l’une des infrastructures de transport majeures du Grand Jérusalem et qui annexera à Israël près de 200 km2 de territoire palestinien, et assurant une majorité juive à la population de la ville.
Ce projet est marqué par l’apartheid, car il n’est rien envisagé vers les quartiers palestiniens pourtant surpeuplés et plus mal desservis.
Une lutte de longue haleine
Une campagne internationale de grande ampleur contre le tramway de Jérusalem a permis de populariser et aussi a abouti au retrait de Véolia qui a vendu toutes ses participations en Israël.

Tout récemment, Systra, filiale de la SNCF s’est retiré du projet.
Nous avions déjà, à Lyon, dénoncé la participation d’Egis Rail qui avait pourtant bien pris garde de ne pas se mettre en avant dans ce dossier.
Depuis, c’est le silence radio : la participation d’Egis Rail continue en catimini, sans aucune communication de l’entreprise. On peut supposer qu’Egis Rail sait que son action est contestable et d’ailleurs, avec Alstom, l’entreprise figurerait sur la base de données établie par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (CDH), chargé depuis mars 2016 d’identifier les entreprises qui offrent des « services et des prestations contribuant à l’entretien et à l’existence des colonies de peuplement, y compris dans le domaine des transports »
Illégalité de la construction du tramway et la charte d’éthique d’Egis
Dès 2005 Amnesty international déclarait : « En renforçant la stabilité et l’attractivité des colonies dans et autour de Jérusalem-Est, la participation des 2 entreprises (Véolia et Alsthom) apporterait une assistance à la pérennisation d’une situation illégale, créée en contravention de la 4ème Convention de Genève, dont l’article 49 prohibe le transfert de la population de l’occupant en territoire occupé. De plus, un tel contrat, passé avec le gouvernement israélien pour un tronçon concernant Jérusalem-Est, aboutit à une reconnaissance de facto de l’annexion par Israël de cette partie de la ville. »
Le rapport cité au début de l’article, prouve l’illégalité de la construction de ces lignes de tramway. Il cite notamment six résolutions de l’ONU concernant Jérusalem et notamment la dernière 2334 de décembre 2016.
Le code éthique d’Egis, quant à lui, indique que » La réputation d’intégrité d’Egis se base sur le respect scrupuleux des lois et des règlementations en vigueur dans les pays où le Groupe est établi ou intervient. Toute activité risquant d’entrainer le Groupe dans une pratique illégale est rigoureusement interdite. »
La direction d’Egis Rail, pour respecter sa charte d’éthique, pour respecter le droit international doit cesser sa complicité de fait avec la politique de colonisation et d’annexion de l’État d’Israël.

ANNEXE : Les lignes de tramway, actuelles et prévues :
– Une première ligne de tramway, la « ligne rouge », fonctionne à Jérusalem depuis 2011. Mise à l’étude en 1994 et construite notamment par les sociétés françaises Veolia et, déjà, Alstom, elle relie le quartier du mont Herzl, qui abrite, à Jérusalem-Ouest, le mémorial de Yad Vashem, à la colonie de Pisgat Zeev, au nord de Jérusalem-Est, où vivent plus de 40 000 Israéliens. Longue de 13,5 km, dont 5,8 km construits sur des terres palestiniennes occupées, c’est-à-dire dans l’illégalité au regard du droit international, elle traverse plusieurs quartiers palestiniens, dessert trois colonies urbaines mais ne comporte que trois stations, sur un total de 24, en zone palestinienne. C’est à l’extension de cette ligne et à la création de deux autres, complétées par des branches transversales, que participent Egis Rail, Alstom.
– Validée en 2013 par la municipalité, la nouvelle « ligne rouge » s’étendra, à Jérusalem-Ouest, jusqu’au quartier de Ein Kerem et à l’hôpital Hadassah et sera prolongée, en territoire palestinien, jusqu’à la colonie de Neve Yaacov (21 000 habitants), au nord-est de Jérusalem. Une branche transversale reliera à l’ouest le quartier de Givat Ram, qui héberge le parlement, la Cour suprême, le musée d’Israël et plusieurs ministères, à la vieille ville, que le tracé actuel frôle déjà. Ces extensions ajouteront 7 kilomètres et un nombre encore inconnu de nouvelles stations au trajet existant.
– La future « ligne de tramway verte » reliera la colonie de Gilo (40 000 habitants), au sud de la ville, au campus de l’Université hébraïque, sur le mont Scopus, à Jérusalem-Est. Elle sera longue de 18,3 km et sera jalonnée de 33 stations, aucune en zone palestinienne.
Dans une seconde phase, elle sera complétée par une branche est-ouest de 3,4 km, qui reliera le centre d’activités de Malha à la zone industrielle de Givat Shaul, à l’ouest de la ville, près de la localité disparue de Deir Yassine, où les combattants juifs de l’Irgoun et du Lehi ont massacré, en avril 1948, près de 120 Palestiniens et rasé leur village. Cette branche comptera huit stations. Le tracé de cette « ligne verte » a été approuvé en janvier 2017 et les appels d’offres pour la construction et la maintenance, lancés en septembre 2017 et avril 2018.
– Troisième axe de ce nouveau réseau de transports urbains, la « ligne bleue », longue de 20,3 km, reliera la colonie de Gilo à celle de Ramot (45 000 habitants) au nord. Elle comportera 40 stations. Une branche additionnelle desservira plus tard le secteur de Talpiot, où vient d’être inaugurée la nouvelle ambassade américaine. Approuvé par le comité ad hoc de la municipalité de Jérusalem, le trajet est encore en attente de validation du district, dernière étape avant le lancement des appels d’offres par l’État.
Sources :
– Article de Mediapaart du
13 juin 2018 Par René Backmann
– Rapport des huit associations, syndicats et ONG, dont la CFDT, la CGT, la Ligue des droits de l’homme et l’Association France Palestine solidarité
TRAMWAY DE JÉRUSALEM : DES ENTREPRISES FRANÇAISES CONTRIBUENT À LA COLONISATION DU TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ
– Web documentaire
France 24 Webdoc
– Egis_Rail
wikipedia.org