Assemblée Générale du 2 septembre 2020 – Rapport moral et d’orientation

Palestine

Les mauvais coups portés au peuple palestinien se sont poursuivis au cours de cette année 2020, année si particulière au plan mondial. La pandémie due au covid 19 s’est « invitée » à l’échelle du Monde avec les conséquences que l’on connait dans les domaines économiques et sociaux. Cette pandémie n’a pas retenue le bras de la politique israélienne, loin s’en faut. Ainsi dès mars, des responsables de l’administration civile israélienne sont venus dans le village de Khirbet Ibziq avec une escorte militaire, un bulldozer et deux camions équipés de grues pour démolir une clinique communautaire et des logements d’urgence ; durant la pandémie aucune trêve n’est d’actualité.

L’offensive israélienne se poursuit, tout azimut, afin de tenter de liquider la question palestinienne. Le plan Trump et les annonces d’annexion de pans entiers de la Cisjordanie nous rappellent l’offensive d’ampleur à l’œuvre au Proche Orient. La politique d’apartheid, les crimes de guerre et contre l’Humanité sont plus que jamais à l’œuvre dans l’indifférence des Nations. Un rapport de l’O.N.U de 2017 indiquait clairement que compte-tenu des différents indicateurs, le territoire de GAZA deviendrait inhabitable en 2020…nous y sommes. Nous assistons aussi, malgré les cas récents de coronavirus, aux incessants bombardements de l’aviation israélienne sur le territoire meurtri de GAZA.

Les stratégies régionales sont également à l’œuvre. Ainsi les « Émirats arabes unis » viennent-ils de signer une trahison de plus en paraphant un accord de normalisation avec Israël tournant le dos à toutes les résolutions de la Ligue Arabe pour le règlement du conflit au Proche Orient. Face à ces offensives et tentatives de liquidation de la cause palestinienne les points de résistance sont à l’œuvre. L’image d’Israël reste fortement dégradée comme est dégradée la figure du parrain États Unien, D. Trump. Même si nous attendons peu d’un changement de président aux États Unis, l’axe Trump/Netanyahou pourrait vivre, nous l’espérons, ses derniers moments. Face aux annonces du plan d’annexion de la Cisjordanie, les réactions internationales n’ont pas été à la hauteur attendue, particulièrement en Europe. Cependant, ces réactions n’ont pas été totalement nulles, car peut-être pour la première fois, la question de sanctions à l’encontre d’Israël, a été évoquée. Nous savons qu’évocation ne vaut pas action…mais le S de sanction est tout de même prononcé. Ces sanctions sont indispensables car le monde ne peut laisser faire une politique du fait accompli permanent et de la loi du plus fort. Au-delà de la seule question palestinienne, le plus grave est la destruction de fait d’un des piliers du droit international et de l’ordre mondial, fruit des travaux engagés après la défaite des nazis et la chute de leurs régimes d’occupation en Europe.

Ce pilier, c’est l’interdiction de l’acquisition de territoires par la force. Si Israël est autorisé, grâce à l’appui irresponsable de l’administration américaine, à poursuivre l’annexion et l’occupation des territoires conquis par la force, qui va faire entendre et appliquer le droit international ? Pour l’application de ce droit nous espérons dans la mobilisation des citoyens mais également des instances internationales. Nous espérons ainsi que la Cour Pénale Internationale ouvre des enquêtes et poursuive les dirigeants israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Tel-Aviv a dressé, selon le journal Haaretz, une liste préventive de plusieurs centaines de responsables politiques et militaires israéliens risquant d’être détenus à l’étranger par la Cour Pénale Internationale.

Notre Collectif
A l’instar de nombreuses associations et organisations, la pandémie et le confinement ont fortement impacté notre association en terme d’organisation et d’initiatives. Nous avons pu cependant tenir quelques actions. Mais c’est surtout la concentration de l’attention
sur cette pandémie qui fut le plus difficile à conjurer. Comment maintenir un niveau d’attention au sort d’un peuple à l’heure de la pandémie mondiale du Covid 19 ?

Perspectives

BDS toujours !
Délectons-nous encore de la bonne nouvelle de l’été. La décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), dans l’affaire des appels au boycott d’Israël constitue un revers pour la jurisprudence de la France. À l’unanimité, la Cour de Strasbourg a jugé qu’en condamnant plusieurs militants pour « incitation à la discrimination économique », la justice française avait violé leur liberté d’expression, protégée par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. En substance, la cour observe que « Par nature, le discours politique est souvent virulent et source de polémiques. Il n’en demeure pas moins d’intérêt public, sauf s’il dégénère en un appel à la violence, à la haine ou à l’intolérance ». Ce jugement de la haute instance européenne est clairement un encouragement à poursuivre et amplifier la campagne BDS. Comme en écho, un rendez-vous est d’ores et déjà pris à l’occasion du Tour de France et de l’opération de propagande de l’équipe « Israël Start-up Nation » visant à faire oublier les crimes israéliens et tenter de redorer l’image de l’état colonial. Nous serons présents afin de dénoncer « Israël Hold Up Nation »
Nous réitérons nos objectifs de notre assemblée 2019, peu ou pas assez mis en œuvre :

Renforcer la présence des jeunes dans le mouvement de soutien à la Palestine

Il est nécessaire que la jeunesse se mobilise plus régulièrement aux côtés du peuple palestinien. Nous devons mener un travail spécifique et organisé en direction des universités et des organisations de jeunesse (politiques, syndicales…). Pour cela, nous envisageons le renfort d’un emploi aidé de type service civique afin de travailler spécifiquement cet objectif. Nous pouvons également envisager une structure spécifique afin que les jeunes puissent se regrouper (commission ou organisation de type « Génération Palestine »).

Le renforcement du réseau institutionnel, politique et syndical

Nous devons renforcer nos liens avec les institutions politiques et singulièrement les collectivités issues des dernières élections municipales et métropolitaines. C’est l’occasion de relancer ou lancer des parrainages ou relations entre les communes françaises et les collectivités palestiniennes. Nous nous fixons également comme objectif de resserrer les liens avec les organisations afin de renforcer le camp de la solidarité, à l’instar des liens avec la LDH, CIMADE, CCFD, Artisans du Monde, UD CGT, UD CFDT, Solidaires, FSU, Confédération paysanne…

Palestine en Vue

Le succés grandissant du festival Palestine en Vue qui ouvrira sa 6ème édition le 17 novembre prochain sous le patronage
d’Elias Sanbar avec en 1ère sortie francophone le très beau film Entre Ciel et Terre de la réalisatrice palestinienne Najwa Najjar, nous rappelle que le cinéma est un excellent vecteur pour sensibiliser de nombreux citoyens et notamment les jeunes, à la question palestinienne. En 2019, aucune manifestation n’a réuni dans le Rhône, sur la Palestine, autant de personnes que le festival.
Le film le plus vu durant l’édition 2019, a été celui de Roland Nurier Le Char et L’Olivier qui au delà du festival, en est aux environs de 30000 entrées. Il occupera cette année encore, la 1ère place pour le nombre de salles qui le programmeront durant le festival, rendant hommage à ses qualités artistiques et pédagogiques.
Ce constat doit nous inciter au niveau du Collectif, à amplifier notre soutien à ce festival, notamment en rejoignant en plus grand nombre, le petit groupe ERAP-ciné qui pilote le festival.

Former et renouveler nos moyens d’action

L’expérience passée de sessions de formation sur l’histoire et le pourquoi de la situation peut être renouvelée afin d’armer notamment la jeunesse à la question palestinienne. A l’instar de nos amis de St Étienne, nous pouvons envisager des moments de formation à la question palestinienne et à BDS.
Si les formes, comme les manifestations, rassemblements, conférences… sont toujours pertinentes, il nous faut réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation et d’apparition. Si les actions sont toujours pertinentes, les images véhiculées sur les réseaux sociaux sont autant de multiplicateurs de l’impact produit, il nous faut donc réfléchir à cette image et aux moyens de la faire fructifier.
Merci à tous ceux et à toutes celles qui s’engagent et contribuent à la mobilisation en faveur du peuple palestinien.

Jérôme Faÿnel, Président, et le Conseil d’Administration