INFO-PALESTINE SEPTEMBRE 2023

1er septembre : C’est comme en 1948 : Israël nettoie de vastes régions de Cisjordanie. Il ne reste presque plus de Palestiniens dans une vaste zone s’étendant à l’est de Ramallah jusqu’à la périphérie de Jéricho. La plupart des communautés qui vivaient dans la région – qui couvre environ 150 kilomètres carrés – ont fui pour sauver leur vie ces derniers mois en raison de l’intensification de la violence des colons israéliens et des saisies de terres, soutenues par les autorités israéliennes et l’armée. Un nettoyage qui ouvre la voie à une prise de contrôle totale par Israël de milliers d’acres de terres. (Oren Ziv +972 Magazine)

4 septembre : Le nouveau maire de Barcelone rétablit le statut de ville jumelée avec Tel Aviv. Barcelone a annoncé lundi qu’elle rétablissait son accord de jumelage avec Tel-Aviv après son annulation en février en raison de la « politique d’apartheid » d’Israël à l’égard des Palestiniens. Le maire Jaume Collboni est revenu sur la décision de sa prédécesseure Ada Colau, laquelle a perdu les élections plus tôt cette année. (Middle East Eye)

5 septembre : La justice française se penche sur un crime de guerre à Gaza. A la suite d’une plainte pour « complicité de crime de guerre » et « homicide involontaire » visant une société française ayant livré une pièce servant à fabriquer un missile israélien qui a tué des enfants en 2014, une juge d’instruction a auditionné les parents des victimes venus de Gaza. La société française mise en cause se nomme Eurofarad, rachetée en 2015 par Exxelia Group, devenu ensuite Exxelia Technologies, sans que la marque Eurofarad disparaisse. (Le Monde)

– Israël a vendu des armes au Myanmar (Birmanie) même après le coup d’État militaire de 2021. Selon des documents et des sources en contact avec Haaretz, la société gouvernementale Israel Aerospace Industries et le fabricant d’armes israélien Elbit Systems ont maintenu leurs échanges commerciaux avec le Myanmar malgré un embargo international sur les armes contre le pays et malgré une décision de 2017 de la Haute Cour de justice d’Israël. (Haaretz)

6 septembre : Un ancien chef du Mossad déclare : « Il y a un État d’apartheid ici ». Tamir Pardo, qui a dirigé l’agence d’espionnage clandestine israélienne de 2011 à 2016 a déclaré mercredi à l’Associated Press qu’Israël appliquait un système d’apartheid en Cisjordanie, rejoignant une liste restreinte mais croissante de responsables à la retraite à soutenir cette idée. « Dans un territoire où deux personnes sont jugées selon deux systèmes juridiques, c’est un État d’apartheid » a-t-il expliqué. Compte tenu du parcours de Pardo, ces commentaires ont un poids particulier dans un Israël obsédé par la sécurité. (Haaretz)

– Caroline Gennez : le rare courage d’une ministre belge. Peu de responsables politiques dans le monde occidental osent critiquer Israël de manière franche. C’est le mérite de Caroline Gennez, ministre fédérale de la Coopération au développement qui a déclaré au journal De Morgen : « Dans les territoires palestiniens occupés, par exemple, la situation devient intenable. Des villages entiers sont rayés de la carte par les Israéliens ». Une déclaration qu’Israël n’a pas trouvée à son goût. (Baudouin Loos – Le Soir)

7 septembre : L’UE condamne des propos de Mahmoud Abbas qui « alimentent l’antisémitisme ». L’Union européenne (UE) a condamné jeudi dans un communiqué de récents propos du président palestinien Mahmoud Abbas. Ce dernier a prononcé fin août un discours à Ramallah, en Cisjordanie occupée, dans lequel il avait notamment affirmé qu' »Hitler n’a pas tué les Juifs parce qu’ils étaient Juifs (…) il combattait les Juifs parce qu’ils étaient usuriers et liés à l’argent ». Ces propos, selon l’UE, « banalisent la Shoah, alimentent ainsi l’antisémitisme. (L’Orient-Le Jour)

– Israël : des jeunes refusent le service militaire. Des centaines de lycéens israéliens ont déclaré publiquement qu’ils refuseraient de servir dans l’armée, pour protester contre les réformes judiciaires. La décision de 230 étudiants de boycotter le service est la première tentative organisée d’utiliser le refus comme moyen spécifique de s’opposer aux réformes judiciaires du gouvernement actuel. Dans un communiqué publié dimanche au lycée Herzliya Hebrew Gymnasium, ils ont également explicitement lié leur cause à l’opposition à l’oppression des Palestiniens. (Middle East Eye)

11 septembre : Liban : combat dans le camp de réfugiés palestinien de Aïn el-Héloué. Le camp, située à la lisière de la ville de Saïda, est en ébullition depuis jeudi. Des combats acharnés y ont cours entre le mouvement Fateh, d’obédience socialiste et proche du président palestinien Mahmoud Abbas, et des groupes islamistes, notamment Jund el-Cham et al-Chabab al-Moslem (La jeunesse musulmane), sur fond de luttes intestines entre ces factions qui essaient de s’imposer dans le camp. Aïn el-Héloué, le plus grand camp de réfugiés palestiniens au Liban, accueille environ 80 000 des 250 000 réfugiés palestiniens dans le pays. (L’Orient-Le Jour)

12 septembre : Lettre ouverte de personnalités palestiniennes à Mahmoud Abbas. Ces personnalités condamnent les commentaires du Président de l’Autorité Palestinienne à propos de l’holocauste, selon qui « Hitler combattait les Juifs parce qu’ils étaient usuriers et liés à l’argent ». Dans cette lettre, ces personnalités soulignent que : Le peuple palestinien est suffisamment accablé par le colonialisme israélien, la dépossession, l’occupation et l’oppression sans avoir à supporter l’effet négatif de récits aussi ignorants et profondément antisémites perpétués par ceux qui prétendent parler en notre nom ». (Club de Médiapart)

« Je fais partie de la génération Oslo qui a été élevée dans un mensonge sur la « paix »  ». « Au cours de ces trois décennies nous avons assisté à la construction d’un mur d’apartheid de 700 km. Nous avons assisté à la fragmentation et au confinement de nos villes, entourées de postes de contrôle militaires. Et nous avons assisté à la croissance exponentielle des colonies juives et des routes séparées (…) Une telle désillusion a conduit à la Deuxième Intifada et au défi massif que nous constatons aujourd’hui parmi la jeune génération. Le ressentiment vient en grande partie des dirigeants palestiniens, qui ont continué à accepter des sommets de paix et des cycles de négociations futiles, tout en imposant leur propre asservissement ». (Tribune de Inès Abdel Razek in Middle East Eye)

14 septembre : Gaza : au moins quatre Palestiniens tués et vingt autres blessés mercredi dans une explosion à côté de la barrière de séparation le long de la frontière israélienne avec la bande de Gaza assiégée, ont annoncé des responsables palestiniens de la santé. L’explosion a eu lieu lors d’une manifestation marquant l’anniversaire du retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005. Israël attribue l’explosion à une bombe mal maitrisée. (The New Arab)

17 septembre : Elias Sanbar écrivain : « l’actuel gouvernement d’Israël joue la carte du désastre ». Fragment de l’entretien accordé à Louis Imbert correspondant du Monde : « A force d’abattre des jeunes gens, à force d’entrer et de réprimer dans les camps de réfugiés et dans les villes, à force de piller des terres et à force d’imposer des lois iniques – car l’occupant légifère pour rendre légitimes, légales, des pratiques illégales… –, à un moment donné, l’explosion sera là, inéluctable. Plus grave, je pense que l’actuel gouvernement d’Israël joue la carte du désastre. Ces apprentis sorciers pensent que des troubles généralisés justifieraient un transfert des Palestiniens et permettraient à Israël de se présenter comme un agressé en état de légitime défense ». (Le Monde)

18 septembre : Dans les territoires palestiniens, l’accès aux soins gravement entravé par les restrictions israéliennes, selon la Banque mondiale. Les restrictions imposées par Israël et les contraintes budgétaires croissantes qui frappent les territoires palestiniens ont de graves conséquences sur l’accès aux soins des Palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza, a déclaré la Banque mondiale, lundi 18 septembre, dans un rapport publié sur la situation économique de ces territoires. L’économie palestinienne souffre ainsi des restrictions imposées par Israël sur les déplacements et le commerce en Cisjordanie occupée, du blocus de la bande de Gaza ou encore de la division entre ces deux entités, relève ce rapport. Par conséquent, elle fonctionne « bien en deçà de son potentiel ». (Le Monde avec AFP)

19 septembre : L’armée israélienne tue quatre Palestiniens à Jénine et un à Gaza. Les forces israéliennes ont tué trois Palestiniens et fait trente blessés mardi lors d’une attaque assistée par drone contre le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. Un des blessés est décédé des suites de ses blessures mercredi. Un Palestinien a également été tué par les forces israéliennes le long de la barrière de séparation avec la bande de Gaza, ont indiqué des responsables palestiniens. (Middle East Eye)

– Les drones armés israéliens annoncent une ère de meurtres automatisés. L’utilisation de drones de combat à Jénine, révèle la présence accrue des machines dans les opérations israéliennes en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne utilise des drones armés depuis des décennies pour procéder, entre autres, à des exécutions extrajudiciaires. Mais jusqu’à l’année dernière, il était officiellement interdit de publier ces faits dans les médias israéliens. (+972 Magazine)
22 septembre : Les forces israéliennes tuent un adolescent palestinien lors d’un raid à Jéricho et un autre à Jénine. A Jéricho, le jeune Dhargham al-Akhras, a succombé à ses blessures après la fusillade dans le camp d’Aqbat Jabr mercredi où l’armée a procédé à de nombreuses arrestations. A Jénine, Abdullah Abu Hassan n’a pas survécu à ses blessures après avoir été abattu lors d’un raid israélien qui a blessé de nombreuses autres personnes. Les forces israéliennes ont empêché les ambulances d’atteindre la ville où avait lieu le raid. (Middle East Eye)

– Bouffée d’antisémitisme dans les rangs du… Likoud. Le tribunal interne du Likoud réhabilite Itzik Zarka, un militant du parti qui avait été filmé en train de crier à des manifestants « Ashkénazes, bande de putes (c’est-à-dire les opposants à la réforme judiciaire de Netanyahou), brûlez en enfer », faisant référence aux Juifs d’origine est-européenne. A l’époque il avait aussi déclaré « Je suis fier des six millions qui ont été brûlés, je souhaite que six autres millions soient brûlés ». Le tribunal du Likoud n’a pas acquitté Zarka pour ses propos, mais il l’a rétabli en tant que membre avec effet immédiat. (The Times of Israël)

– À l’ONU, les présidents d’Amérique latine appellent à l’établissement d’une Palestine libre. Les chefs d’État latino-américains ont proclamé les droits des Palestiniens et appelé « à la nécessité d’établir un État palestinien libre » lors de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’Assemblée a réuni les chefs de gouvernement du monde entier et a entendu les dirigeants du Chili, de Cuba, du Brésil, de la Bolivie et de la Colombie appeler « les Nations Unies à dénoncer la persécution » des Palestiniens. (Middle East Monitor)

25 septembre : Raid de l’armée israélienne dans l’Université de Birzeit et arrestations d’étudiants. Les troupes ont attaqué les gardes de l’université, vandalisé le bureau du conseil étudiants et arrêté huit de ses membres. L’Université de Birzeit, située au nord de Ramallah, est l’un des plus grands établissements d’enseignement de Cisjordanie occupée. (Middle East Eye)
26 septembre : Une délégation saoudienne présente en Cisjordanie, une première en plus de trente ans. L’ambassadeur du royaume pour les territoires palestiniens, Nayef Al-Sudaïri, doit présenter ses lettres de créance au président palestinien, Mahmoud Abbas, lors d’une rencontre mardi. Cette visite a lieu dans un contexte de rapprochement inédit entre Israël et l’Arabie saoudite, dont s’inquiètent les Palestiniens. (Le Monde avec l’AFP)

27 septembre : En Cisjordanie occupée, les colons israéliens font fuir les Bédouins. Déjà fragilisés par le régime d’occupation militaire qui a réduit leur accès aux ressources en eau et en terre, des milliers de Bédouins de Cisjordanie sont à la merci de colons de plus en plus violents. A la suite d’un épisode aussi symbolique que cruel, le village bédouin de Qaboun s’est vidé de sa centaine d’habitants en août. Des colons israéliens armés ont intercepté le tracteur de la communauté et ouvert le robinet de la remorque citerne. Les 5 000 litres ont disparu dans la roche poreuse. Sans eau, impossible de rester. (Reportage d’Ouest France)

28 septembre : Le “nettoyage ethnique” dans le Haut-Karabakh marqué par l’empreinte d’Israël. Depuis la deuxième décennie du XXIe siècle, Israël s’emploie à aider l’Azerbaïdjan à écraser les Arméniens de cette enclave. Les Israéliens entretiennent une relation stratégique avec les Azerbaïdjanais, une relation qui implique des ventes d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. (Haaretz via Courrier International)

29 septembre : La santé florissante de l’industrie de défense israélienne. Les exportations israéliennes d’armement ont atteint un record de 11,5 milliards d’euros en 2022 contre 6,8 milliards en 2019 ; Israël est le 9e exportateur mondial du secteur. Elle se nourrit d’un état de conflit permanent depuis 1948 et surfe sur la course aux armements, relancée notamment par la guerre en Ukraine : l’industrie de défense israélienne jouit d’une image flatteuse auprès de ses clients. (The Times of Israël)

Revue de presse mensuelle réalisée par le groupe de travail communication/médias de l’AFPS Lyon