Réponse à l’article du Progrès du 18.02.2011 : Pour le Boycott le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) à l’égard de l’état d’Israël !

– Communiqué du collectif 69 Palestine

– Communiqué de l’UJFP Lyon

Article du Progrès du 18.02.2011

COMMUNIQUE DU COLLECTIF 69 PALESTINE

Réponse à l’article du quotidien « Le Progrès » du 18.02.2011 : Pour le boycott le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) à l’égard de l’état d’Israël !

Le collectif 69 de soutien au peuple Palestinien s’insurge contre les propos tenus par divers participants au dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du 17 février et rapportés par le journal « Le Progrès » du lendemain sous le titre provocateur : L’appel au boycott d’Israël « une discrimination imbécile » (lire ci-dessous).

Tout d’abord personne n’a parlé de discrimination imbécile lors du boycott de l’Afrique du Sud de l’Apartheid, il semblait alors qu’il allait de soi que ce mouvement citoyen oeuvrait dans le sens du respect des droits de l’homme et de la non discrimination raciale. Et c’est bien dans le sens de ces principes universels que se placent les militants du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

Comme d’habitude, les défenseurs aveugles de l’Etat d’Israël font jouer la corde de l’antisémitisme, et le boycott des produits israéliens devient dans leur bouche le boycott de produits fabriqués par les juifs !. Et par deux fois (!) l’article enfonce le clou, l’antisionisme serait de l’antisémitisme déguisé. Mais ce n’est pas la communication (pour ne pas parler de propagande) rabâchée qui transforme les faits.

Israël est un état voyou qui ne respecte ni la 4° convention de Genève sur les territoires colonisés, ni les résolutions de l’ONU la concernant. Et ce ne sont pas les militants qui délégitiment l’état d’Israël, celui-ci y arrive très bien tout seul !

Plus loin, Richard Prasquier tombe dans le cynisme le plus noir : comment peut-il oser se faire le défenseur des producteurs de Gaza ! Comment peut-on lire ces lignes alors qu’un blocus ILLEGAL affame en ce moment 1,5 million de personnes et a détruit l’économie de la bande de Gaza, alors que l’opération plomb durci, approuvée des deux mains par le CRIF a tué 1400 personnes !

Plus loin Rama Yade agite le deuxième fétiche derrière lequel tous les arguments sont censés s’évanouir, « la paix et la sécurité d’Israël », comme si la paix et la sécurité des palestiniens, elle, ne comptait pour rien, alors que c’est elle qui est quotidiennement mise à mal !

Nous dénonçons ces propos aveugles et partisans tenus devant des personnalités politiques dont on attendrait une autre attitude. A Michel MERCIER, qui prétend poursuivre les auteurs des appels au boycott, et qui est notre garde des sceaux, nous déclarons que si le gouvernent UMP auquel il participe ne fait rien et se contente de parole pour défendre le droit international, c’est à nous citoyens d’agir par le boycott, le désinvestissement et les sanctions à l’égard d’Israël.

Nous dénonçons également la complaisance d’une certaine classe politique qui par électoralisme soutient l’indéfendable.

Encore une fois, malheureusement, le CRIF (qui ne représente pas tous les juifs de France) se complait dans la confusion des genres et se fait l’ambassadeur aveugle de l’Etat d’Israël en France.

Pour éviter la confusion des genres nous demandons au Progrès de LYON de publier notre droit de réponse dans la rubrique politique et non pas, comme l’article initial dans la rubrique religion et croyance où il n’a rien à faire !

Jérôme Faÿnel, Président du Collectif


Communiqué de l’UJFP, Union Juive Française pour la Paix, section de Lyon

Le CRIF organisait à Lyon le 17 Février dernier son dîner annuel et, comme chaque année, dictait aux politiques et aux médias présents leur feuille de route pour l’année en cours.

C’est chose faite !

Le Progrès du 18 février rendait compte de cet événement dans sa rubrique « religion et croyance », sous le titre : L’appel au boycott d’Israël : une discrimination imbécile !

Non ! Critiquer la politique israélienne, critiquer cet État qui viole impunément le droit international, les Conventions de Genève, le droit humanitaire international, n’est en rien faire acte d’antisémitisme, ne relève d’aucune « discrimination imbécile » comme le prétendent les représentants du CRIF.

Non ! Il s’agit plus exactement d’une prise de conscience majeure de la société civile internationale, de la société civile française, d’une réponse fraternelle à l’Appel lancé en juillet 2005 par l’ensemble de la société civile palestinienne (172 organisations, partis et syndicats) au monde entier.

Une prise de conscience indignée, face à la complaisance de la communauté internationale vis à vis d’Israël (tel le récent véto opposé par les États-Unis au projet de résolution arabe parrainé par 130 pays, condamnant la politique de colonisation israélienne dans les Territoires Palestiniens Occupés, alors que les 14 autres membres ont voté en faveur de ce texte), celle de l’Europe, celle de la France en particulier.

Ainsi, la Campagne Internationale BDS :

Boycott, Désinvestissements, Sanctions

est bien une stratégie pleine de dignité, basée sur le droit pour une paix juste jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international et respecte les droits inaliénables du peuple palestinien.

Devons-nous craindre que l’on appelle à ne plus acheter des produits « fabriqués par les juifs » s’interrogent ces Messieurs ?

C’est un argument particulièrement pervers qui assimile les juifs français aux Israéliens qui approuvent et participent à la colonisation continue de la Palestine, au blocus, aux massacres des civils et à la destruction de Gaza, aux massacres en tout genre dans les Territoires Occupés, à l’occupation continue de Jérusalem-Est, à la politique d’apartheid en Israël même à l’encontre des palestiniens de l’intérieur qui représentent prés de 20% de la population.

Cet amalgame entre juifs français et les citoyens israéliens est inadmissible.

Cet argument que nous affirmons pervers exacerbe les replis communautaristes, exacerbe le racisme, l’antisémitisme, ces maux que tout le monde prétend combattre.

Comment, sans ridicule peut-on attaquer les intellectuels et les hommes de culture juive qui se joignent à cette campagne internationale ?

Attaquer Stéphane Hessel – Résistant, Déporté, Ambassadeur de France, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948 ?

Comment nier à ce point les valeurs juives universelles portées par nos pères ?

Ces attaques sont indignes. Tout comme les propos de l’Ambassadeur d’Israël tenus ce soir là et ceux des politiques français eux aussi présents.

Non M. l’Ambassadeur, les économies israéliennes et celles – palestiniennes – des Territoires Occupés et de Gaza n’ont pas partie liée, comme la corde et le supplicié pendu, il n’y a entre les deux aucun point commun :

– l’un est spoliateur – Israël – celui qui accapare les terres, accapare l’eau, détruit tous les moyens de production,

– l’autre est le spolié – le peuple palestinien – réduit à la pauvreté absolue, victime d’un blocus implacable comme les Gazaouis, victimes d’une politique de destructions massives ne permettant aucune activité économique, victime d’une politique d’apartheid pour les Palestiniens vivant en Israël.

C’est à cette aune que nous devons comprendre l’opération de charme lancée cet hiver par la société israélienne Agrexco intitulée « fraises de Gaza », opération destinée à masquer les importations illégales en France et en Europe des produits cultivés dans les Territoires Occupés, opération dénoncée par les agriculteurs palestiniens eux-mêmes, dénoncée par les associations françaises, constat d’huissier à l’appui, mettant en évidence que cette entreprise israélienne exporte illégalement des produits issus des colonies dans les Territoires Occupés.

Enfin, le soutien de Mme Rama Yade à ces propos, son souci à ce que Israël « vive en paix et en sécurité » sans tenir compte des droits des Palestiniens à ce que – eux aussi – vivent en paix et en sécurité, à l’heure où les peuples du Maghreb et du Moyen-Orient se libèrent de leurs bourreaux, témoigne de l’aveuglement de nos dirigeants politiques face aux bouleversements auxquels nous assistons actuellement.

Reste cette question majeure : Au nom de qui parle le CRIF et qui prétend-il représenter ?

Il est clair pour nous, juifs français progressistes, que le CRIF – comme il s’obstine à le faire croire – ne représente pas les juifs de France, tous les juifs de France.

Plus exactement – et son discours au cours de ce dîner est on ne peut plus clair – le CRIF est aujourd’hui en France le porte-parole des gouvernements israéliens successifs, de celui aujourd’hui, d’extrême droite avec lequel il semble n’éprouver aucune contradiction.

En clair, le CRIF ne nous représente pas, il ne peut parler en notre nom !

Tout comme l’État israélien n’est pas notre État, ne peut commettre ses crimes en notre nom !

Michel Warshawski – opposant israélien anti-colonialiste
l’a bien exprimé au cours du dîner de l’UJFP à Lyon en octobre 2009 devant les politiques de la région présents à propos du boycott :

« Il s’agit d’une question d’hygiène publique, de civilisation des relations internationales ».

L’ UJFP Lyon

le 22 février 2011


L’article du quotidien « Le Progrès » du 18.02.2011

L’appel au boycoot d’Israël : « une discrimination imbécile »
« Le vent nouveau de liberté » soufflant dans certains pays arabes, est « une bonne nouvelle pour la démocratie ». C’était bien l’un des rares motifs de réjouissance, hier soir, au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), en Rhône-Alpes. Car le discours de son président, Marcel Amsallem, qui a le premier pris la parole devant quelque 300 invités au casino de Charbonnières, traduisait beaucoup d’inquiétudes à propos de la résurgence en France d’un antisionisme assimilé à de l’anti sémitisme déguisé. En ligne de mire : la campagne « BDF » d’appel au boycott d’Israël, menée par certaines organisations dénonçant le blocus de Gaza ou la colonisation. « Que des intellectuels et des hommes de culture s’y associent, cela nous est insupportable », a accusé Marcel Amsallem, en dénonçant une parfaite désinformation à l’égard d’Israël qui vise à faire disparaître cet état. « Devons-nous craindre que l’on appelle à ne plus acheter de produits fabriqués par les juifs ? ». Et de conclure en faisant allusion à des heures sombres de l’Histoire : « d’abord le boycott, puis l’exclusion, et puis…»

L’écrivain Stéphane Hessel, jamais nommé, en a pris pour son grade : « Nous nous indignons, puisque c’est la mode de s’indigner, que des partis fassent la promotion d’actes illégaux qui sortent du cadre républicain », a enchaîné à la tribune le président national du CRIF, Richard Prasquier.

Pour lui aussi, le boycott n’est rien d’autre qu’une « arme politique de délégitimation de l’état d’Israël ». Mais c’est aussi, à ses yeux, « une discrimination imbécile car (elle) pénalise les producteurs de Gaza en les privant de leurs sources de revenus ».

Car les économies d’Israël et des Territoires ont partie liée. A la suite de Richard Prasquier, l’ambassadeur d’Israël en France, Yossi Gal, a assuré que cette coopération portait ses fruits : « Nous menons une politique de l’encouragement de l’activité économique palestinienne, la croissance a été de 9 % l’an dernier. » Au terme des interventions, l’ambassadrice à l’Unesco Rama Yade, invitée d’honneur de ce dîner, s’est à son tour porté au secours de l’état d’Israël qui doit « vivre en paix et en sécurité ». « L’antisionisme sert de prétexte à l’antisémitisme », a-t-elle estimé en apportant que le garde des Sceaux, Michel Mercier, présent au repas, avait donné instruction au procureur de poursuivre les auteurs du boycott « chaque fois que les actes sont constitués ».

Nicolas Ballet