TEXTE DE STEPHANE HESSEL – CONCERT SOLIDAIRE DU 31 MARS 2011 – BATEAU POUR GAZA

TEXTE DE STEPHANE HESSEL – CONCERT SOLIDAIRE DU 31 MARS 2011 – BATEAU POUR GAZA

J’ai demandé à mes amis de Lyon de lire ce petit mot à ma place, car je n’ai pas pu répondre à leur sympathique invitation ce 31 mars. Croyez bien que je le regrette ! J’ai cependant accepté avec plaisir d’assumer la Présidence d’honneur de cette soirée.

Comme vous le savez, le sort fait aux Palestiniens, et ceux de Gaza en particulier, me préoccupe au plus haut point. La façon dont les israéliens ont agi contre les Gazaouis est affreuse, inacceptable. Il faut absolument lire le rapport de Richard Goldstone de septembre 2009 dans lequel ce juge sud-africain, juif, qui se dit même sioniste, accuse l’armée israélienne d’avoir commis  « des actes assimilables à des crimes de guerre, et peut-être, dans certaines circonstances, des crimes contre l’humanité » pendant l’opération Plomb Durci qui a duré trois semaines.

Je suis moi-même retourné à Gaza, en 2009, où j’ai pu entrer avec ma femme grâce à nos passeports diplomatiques afin d’étudier de visu ce que ce rapport disait. Les gens qui nous accompagnaient n’ont pas été autorisés à entrer. Dans la bande de Gaza, cette prison à ciel ouvert pour plus d’un million et demi de Palestiniens, plus encore que les destructions matérielles comme celle de l’hôpital, c’est le comportement des Gazaouis, leur patriotisme, leur amour de la mer et des plages, leur constante préoccupation du bien-être de leurs enfants, innombrables et rieurs, qui hantent nos mémoires. Nous avons été impressionnés par leur ingénieuse manière de faire face à toutes les pénuries qui leur sont imposées. On nous a confirmé qu’il y avait eu mille quatre cents morts- femmes, enfants, vieillards inclus parmi les Palestiniens contre seulement cinquante blessés coté israélien.

Je partage les conclusions du juge africain. Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre est insupportable. Hélas, l’histoire nous donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire.
Les palestiniens de Gaza subissent ce siège illégal, ce blocus depuis 2007.
Il a fallu attendre le 8 janvier 2009 pour que le conseil de sécurité des nations unies dans la résolution 1860 «  appelle au libre approvisionnement et à la libre distribution à travers Gaza de l’aide humanitaire, y compris de la nourriture, du carburant et des médicaments. »

Cette résolution, comme beaucoup d »autres, a été ignorée par Israël et l’Egypte de Moubarak, et ce n’est que l’intervention de la première flottille qui a permis devant l’émotion du monde d’entrouvrir un moment les points de passages pour quelques produits.

C’est pourquoi, cette nouvelle flottille internationale représente un espoir de briser le siège, d’autant plus dans un contexte international où les peuples se lèvent contre les dictatures et pour les droits de l’homme.
Ce bateau français, au sein d’une vingtaine d’autres navires apportera un peu d’aide humanitaire qui fait tellement défaut, montrera que les Gazaouis ne sont pas oubliés et que le droit international doit être respecté.

Ce texte a été lu au concert par Marcel Notargiacomo.