Hommage à Vittorio Arrigoni

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mercredi 20 avril 2011,

Les militants de l’organisation pro-palestinienne International Solidarity Movement (ISM) ont annoncé mercredi la reprise de leurs activités, quelques jours après le meurtre à Gaza d’un des leurs par un groupe palestinien salafiste.
Cinq militants du mouvement se sont rassemblés sur un dock de la ville de Gaza pour recommencer à surveiller la façon dont la marine israélienne traite les petites embarcations de pêcheurs palestiniens au large du littoral.

Vittorio Arrigoni, un militant italien de ISM, retrouvé pendu dans une maison de Gaza vendredi quelques heures après son enlèvement par un groupe islamiste radical de salafistes, se livrait fréquemment à cette activité.
Quelque 200 Palestiniens se sont ralliés aux militants pacifistes, venus de Belgique, d’Italie et des Etats-Unis, et ont observé une minute de silence à la mémoire de Vittorio Arrigoni. Des fleurs ont été lancées sur cinq bateaux de pêche qui commençaient à appareiller, tandis que le drapeau palestinien était brandi.
« Vittorio Arrigoni avait coutume de surveiller les mouvements des bateaux palestiniens dans les eaux territoriales pour constater d’éventuelles violations des droits » des Palestiniens par Israël, a déclaré à l’AFP Inge Neefs, une militante d’ISM.

En Cisjordanie, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Salam Fayyad a exprimé ses condoléances, à l’occasion d’une manifestation pacifique contre la barrière israélienne de séparation dans le village palestinien de Bilin.

« Le meurtre d’Arrigoni nous a porté un coup dur ainsi qu’à tous les volontaires internationaux, mais ce rassemblement massif aujourd’hui prouve que l’International Solidarity Movement est toujours aussi fort », a déclaré M. Fayyad.

Vittorio Arrigoni, 36 ans, militant d’ISM, journaliste et écrivain, vivait à Gaza depuis trois ans. Il a été enlevé et assassiné par un groupe salafiste jusqu’ici inconnu, qui voulait initialement l’échanger contre des salafistes détenus par le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.

Les services de sécurité du Hamas ont arrêté trois suspects et en ont tué deux autres dans le cadre de cette affaire.

Ce meurtre est le premier d’un étranger à Gaza depuis que le Hamas a pris le pouvoir dans ce territoire en juin 2007.

Vittorio Arrigoni est le troisième militant d’ISM à avoir trouvé la mort à Gaza, les deux autres, Rachel Corrie et Tom Hurndale, ayant été tués en 2003 par les forces israéliennes

Al-Oufok


Ziad Medoukh : Gaza sous le choc après l’assassinat de Vittorio Arrigoni

samedi 16 avril 2011 – 14h:44

Ziad Medoukh

Nous sommes désolés Vittorio

Nous sommes tous Victor

Ziad Medoukh

Sincèrement, je ne trouve pas les mots pour décrire l’état de choc de tous les Palestiniens en général et de ceux de la bande de Gaza en particulier, après l’assassinat, ce matin, par un groupe inconnu, du solidaire, militant et journaliste italien, Vittorio Arrigoni

Vittorio Arrigoni est arrivé à Gaza en 2008, et il a alors décidé d’y rester, afin de témoigner de la barbarie de l’occupation, dans des journaux, pour des agences de presse et des associations internationales, mais il ne savait pas qu’un acte tout aussi barbare, provenant d’hommes bien éloignés de nos traditions, mettrait fin à sa vie.

Il est parti avant de pouvoir accueillir la deuxième flottille de liberté prévue en juin prochain, flottille dont il a été l’un des principaux organisateurs.

Il est mort avant la sortie en France de son livre : Rester humain à Gaza, sortie prévue le mois prochain.

Le lâche assassinat de ce militant est choquant, révoltant, et injuste, car il vient de ceux qu’il a voulu aider.

Les partis politiques, la société civile, les syndicats et la population condamnent avec fermeté ce lâche assassinat d’un homme de bonne volonté, d’un solidaire, d’un grand ami de Gaza, de la Palestine et de la justice.

Vittorio ou Victor, c’est ainsi que ses amis Gazaouis aimaient l’appeler, avait de bons contacts avec tout le monde à Gaza : associations, partis politiques, étudiants, jeunes, journalistes et simples citoyens, il était partout pour venir en aide à la population civile, pour organiser des manifestations et des rencontres. Il était l’un des rares étrangers présents à Gaza, Gaza qu’il a refusé de quitter lors de la dernière guerre israélienne, fin 2008 début 2009. Il y a participé, malgré sa propre blessure, aux secours et aux soins aux victimes.

Personnellement, j’ai eu l’occasion de le rencontrer deux fois, la première en juin 2010 sur le port où il attendait l’arrivée de la première flottille de la liberté qui a été attaquée par la marine israélienne, et la deuxième fois, au nord de Gaza où il organisait des manifestations pacifiques contre la zone tampon imposée par l’armée israélienne pour interdire aux paysans de cette région d’aller cultiver leur terre. Chaque fois, je le trouvais déterminé à demeurer avec cette population sous blocus, pour lui prouver sa solidarité.

Vittorio restera dans la mémoire des Gazaouis, ils n’oublieront jamais leur grand ami, celui qui essayait, dans cette difficile situation d’enfermement, d’entretenir l’espoir auquel ils sont si fermement attachés et dont il parle dans son article : Gaza, portes ouvertes sur l’espoir. De même que dans de nombreux autres articles et témoignages.

Nous sommes désolés Vittorio,
Nous sommes tous Victor.

Nos pensées vont à sa famille, à ses amis, à qui nous disons :

Gaza, ce n’est pas cela, Gaza, c’est autre chose,
Gaza c’est l’accueil,
c’est la reconnaissance du travail de tous les solidaires,
et le petit groupe qui a assassiné Vittorio ne représente ni Gaza ni la Palestine.

Quelques photos du rassemblement de ce soir (15 avril) à Gaza pour dénoncer l’assassinat ce matin du journaliste, solidaire et grand militant italien Vittorio Arrigoni.

Un rassemblement qui a regroupé des milliers de Gazaouis de toutes tendances politiques, et de différentes associations de la société civile, et notamment des jeunes pour rendre hommage à ce solidaire qui est arrivé à Gaza en 2008, et qui, depuis, a décidé d’y rester à coté des Gazaouis sous blocus-avec un seul mot :

nous sommes tous Victor