L’assemblée plénière du 12 juillet 2012 du Conseil Régional a adopté à la majorité l’engagement d’une nouvelle coopération internationale : la coopération avec la région de Jéricho en Palestine (Vallée du Jourdain).
Une délégation du collectif 69 Palestine assistait dans les tribunes publiques et a applaudi à cette très bonne nouvelle pour le peuple palestinien.
Présenté par Véronique Moreira, vice présidente régionale, défendu par Alain Coulombel pour le groupe E.E.L.V , Corinne Morel-darleux pour le Front de Gauche, Christian Dupessey pour le PS et André Friedenberg pour le PRG (lire leur déclaration ci-dessous), ce projet fait de la région Rhône-Alpes la troisième région à s’engager dans la coopération avec la Palestine.
L’accès à l’eau, le soutien à l’agriculture sont les points clés de cette coopération.
Véronique Moreira puis le Président de la région Jean-jack Queranne ont répondu aux objections des groupes UMP et FN qui ont voté contre le projet.
–
En vidéo, Véronique Moreira explique le sens de l’ouverture de la coopération avec la Palestine :
– Intervention de Corinne Morel Darleux (Front de Gauche)
Notre groupe est très heureux de voir le travail engagé aboutir aujourd’hui. Nous vivons ce soir la suite logique de l’adoption par la Région du vœu en 2011 pour soutenir l’initiative « Un bateau français pour Gaza » engagée par le collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, et de la délibération cadre que nous avons adoptée en Février 2012. Nous nous félicitons que l’assemblée régionale soit enfin en passe d’adopter une délibération de coopération avec les territoires palestiniens. Je dis enfin, car en la matière, les coopérations avec la Palestine sont déjà une réalité, parfois ancienne avec de nombreuses collectivités locales Rhônalpines.
Cette nouvelle relation qui s’ouvre pour notre Région avec un peuple et une partie du Monde dont on sait la situation complexe et sensible, trop souvent dramatique, nous rappelle toute l’importance et l’utilité de la coopération décentralisée. Ce n’est pas une première pour notre collectivité : je pense à Madagascar, au Mali, au Liban. Nous ne devons pas le craindre ici plus qu’ailleurs. Notre impératif reste d’œuvrer pour la paix et la justice dans ces territoires. Tous les territoires. L’internationalisme est un universalisme.
Plus concrètement maintenant, cette coopération doit répondre à plusieurs objectifs.
D’abord il est fondamental que notre collectivité s’engage et favorise les échanges avec la Palestine, avec les palestiniens et leurs représentants afin de rendre compte de la situation là-bas, ici en Rhône-Alpes. Tout ce qui peut permettre d’objectiver la situation vécue sur place est déjà une avancée en faveur de la compréhension et de la paix. C’est d’ailleurs dans cet objectif que plusieurs d’entre nous se sont déjà rendus en Palestine. Les représentations, les stigmates, les clichés qui sont véhiculés sont un frein à la résolution de ce conflit autant qu’au développement des territoires. Se confronter au réel là-bas permet d’aller au-delà des postures, de toucher du doigt une réalité qui hélas dépasse d’ailleurs parfois la fiction.
Cette coopération devra donc nous permettre d’appréhender nos nouveaux partenaires comme des citoyens à part entière. Rappelons que ce travail de coopération est déjà une réalité pour plus de 45 ONG et associations et 10 collectivités en Rhône-Alpes. Cette nouvelle convention de la Région est un support important supplémentaire pour aller dans ce sens.
Je me suis rendue dans le cadre d’une délégation du PG en Israël et Palestine fin 2011. Une journée avait été consacrée à la question du développement agricole sous l’angle non gouvernemental, avec des coopératives autour de l’olive et les responsables de l’ONG PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee) qui nous avait fait part de ses difficultés à mettre en œuvre ses objectifs pour le développement d’une agriculture saine et auto-suffisante. Leur action consiste à transformer des terres arides en terres arables et viables et en la construction de ‘routes agricoles’ pour permettre le passage des machines et faciliter le transport humain et matériel. Je sais, nous savons, l’importance cruciale des thématiques agricoles et eau sur ces terres. Nous ne pouvons donc que saluer les orientations prises dans cette convention au travers des actions envisagées sur la Vallée du Jourdain, notamment en matière de développement de la filière agricole et de participation des femmes au développement dans cette coopération.
Plus globalement, le Front de Gauche souhaite que les actions concrètes qui se mettront en place avec le Gouvernorat de Jéricho puissent en outre contribuer au développement des solidarités avec le peuple palestinien, et, à notre niveau, à l’application des résolutions de l’ONU et à la reconnaissance d’un État palestinien. Le travail de coopération réalisé dans les territoires Palestiniens en matière de développement économique et d’agriculture ne doit en aucun cas être entravé par les conflits que connaissent les territoires ni par aucun embargo.
Pour nous, cette coopération et la convention soumise au vote sont un progrès important et juste, et je sais que c’est une satisfaction que nous partageons avec les différentes associations qui réalisent un travail essentiel en matière de coopération porteuse de sens.
La première coopération d’une collectivité avec les territoires Palestiniens remonte à 1984. A ce jour, deux Régions en France sont engagées dans la coopération avec la Palestine. Aujourd’hui Rhône Alpes, notre Région, peut devenir la troisième. Poursuivons donc ce combat politique juste.
En conclusion, comme vous l’aurez compris, c’est avec plaisir et conviction que nous voterons cette délibération.
– Intervention d’Alain Coulombel pour le groupe E.E.L.V
Madame la Vice-présidente,
Je voudrais d’abord vous remercier, Madame la Vice-présidente, ainsi que vos services, pour le travail accompli sur la Palestine.
Il y a quelques mois – en février 2012 – nous votions une délibération cadre sur la coop décentralisée et c’est aujourd’hui, malgré les difficultés de tous ordres politiques, institutionnels, économiques, la discussion par notre assemblée d’une convention de coopération avec le gouvernorat de Jéricho en Cisjordanie. C’est pour notre groupe une grande satisfaction que de pouvoir défendre cette nouvelle coopération avec un territoire, devrais-je dire, une communauté d’hommes et de femmes vivant dans un dénuement absolu et des tensions politico-militaires, les empêchant d’avoir une vie
normale.
Nous connaissons tous la situation dans les Territoires palestiniens
occupés,rendant difficile la viabilité d’un Etat indépendant : le morcellement territorial dû à l’érection des murs protégeant les 179 colonies et les 620 000 colons en Cisjordanie, les entraves quotidiennes au fonctionnement des institutions, les centaines de barrages qui freinent la libre circulation des hommes et des marchandises, le manque de contrôle sur les ressources en eau…L’eau, chacun le sait, est dans le conflit israélopalestinien
une question majeure. La Vallée du Jourdain, par exemple, qui
représente 95% des terres arables et la principale ressource en eau, voit cette ressource interdite aux activités palestiniennes.
Intervention Dans une étude menée en 2012, le Réseau Rhône-Alpes d’Appui à la coopération (RESACOOP) relevait 4 grandes catégories d’enjeux pour les territoires palestiniens :
– des enjeux politiques d’abord, pour des êtres humains vivant dans
une région du monde hautement conflictuelle. « L’enjeu, nous dit le
rapport, est de contribuer à donner une existence aux citoyens
palestiniens en tant qu’êtres humains comme les autres » (ces mots
sont lourds de sens).
– des enjeux en matière de respect des droits de l’homme et de bonne
gouvernance, entre autre le respect du droit des femmes et des
minorités,
– des enjeux comportementaux,
– des enjeux de développement économique et d’autonomie avec pour
objectif la sortie d’une culture d’assistance liée à plus de 50 ans
d’occupation israélienne,
– des enjeux, enfin, d’équilibre territorial car nous savons que la
répartition des territoires palestiniens en trois zones (A,B,C) entraîne
des iniquités territoriales et sociales, les zones rurales par exemple
recevant moins d’aide que les zones urbaines.
En proposant de renforcer les capacités et les compétences des acteurs institutionnels locaux, d’appuyer la démocratie locale tout en luttant contre la pauvreté, en choisissant d’aider à l’élaboration d’un schéma de développement économique territorial, la région Rhône Alpes est pleinement dans son rôle.
Quant au choix de Jéricho et de la vallée du Jourdain, s’il
nous semble pertinent, la vallée ayant le potentiel de devenir le grenier de la Palestine, il reste les difficultés liées à l’expansion permanente des colonies et des politiques israéliennes qui s’y rapportent, comme les démolitions systématiques et les restrictions pesant sur l’accès à l’eau et à la terre.
Un récent rapport d’OXFAM France montre que les Palestiniens ne peuvent avoir accès qu’à 6% des terres de la vallée du Jourdain, tandis que les colons israéliens, qui représentent 13% de la population de la vallée, contrôlent 86% de ces territoires.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations
Unies (OCHA), le surcoût lié au transport de produits agricoles palestiniens par des itinéraires qui évitent les checkpoints israéliens les plus coercitifs s’élève chaque année à 1,9 millions de dollars. Outre des coûts de transport plus élevés, les paysans palestiniens doivent payer leur approvisionnement en eau (qui arrive par citernes), rendant leur production plus coûteuse et donc moins compétitive comparée à celle des colons israéliens qui inonde le marché palestinien. En revanche, toujours selon OXFAM, l’économie des
colonies israéliennes bénéficie d’une main d’oeuvre palestinienne à un coût moindre. Alors que le salaire horaire minimum en Israël est fixé à 6 dollars, les Palestiniens travaillant dans les colonies israéliennes dans la vallée du Jourdain sont payés en moyenne seulement 2 à 4,8 dollars de l’heure.
C’est donc, vous l’aurez compris, une lourde tâche qui vous attend, qui
nous attend, Madame la Vice Présidente, mais une tâche indispensable qui nécessitera prudence et persévérance …
Quand Rio+20 marque l’échec du multilatéralisme, la domination des
égoïsmes nationaux et une régression par rapport aux engagements
antérieurs de la communauté internationale, les collectivités territoriales doivent rester les garantes d’une conception partagée et solidaire de la coopération.
« J’ai gagné en lucidité, écrivait Mahmoud Darwich dans un de ses
derniers recueils,
non pour jouir de ma nuit étoilée mais pour être témoin du massacre.
J’en ai réchappé par hasard :
J’étais plus petit qu’une cible militaire,
plus grand qu’une abeille butinant les fleurs de la haie.
J’ai eu très peur pour mes frères et mon père (…)
J’ai eu peur pour les grappes de la vigne,
Pendantes comme les mamelles de notre chienne…
La peur marcha en moi et je marchai en elle,
Nu-pieds, renonçant à mes petits souvenirs d’attentes du lendemain.
Plus le temps pour le lendemain. »
Souhaitons que l’engagement de la région Rhône-Alpes, au côté des
10 autres collectivités rhônalpines, aide à ouvrir pour les Palestiniens
d’aujourd’hui ce « temps pour le lendemain ».
– Intervention d’André Friedenberg du groupe PRG et Apparenté
Je souhaite, au nom du groupe PRG et Apparenté dire en premier lieu ma grande satisfaction que la Vice-Présidente, Véronique Moreira, soit parvenue à proposer un projet de coopération équilibré avec le Gouvernorat de Jericho.
Equilibré, cela veut dire bien sûr qui tienne compte des desiderata des deux partenaires.
Mais aussi du point de vue de notre collectivité, qui s’inscrit dans le cadre de ses prérogatives, de ses responsabilités, hors toute tentation de verser dans des considérations qui relèveraient de la politique étrangère de notre pays.
Notre groupe tient à saluer l’étude technique menée par Resacoop qui a permis de cerner les champs possibles de cette coopération.
Dans ce cadre, il est notamment prévu un centre d’échanges économiques Franco-Palestinien.
Je sais que certains ont des doutes sur sa viabilité. Ce n’est pas notre cas, d’abord parce que ce projet sera notamment développé par des entreprises rhônalpines et par des palestiniens habitant notre Région.
Ensuite parce que nous voulons croire que les bonnes volontés, même dans un contexte politique difficile, peuvent faire émerger des projets d’avenir.
Avec également cette idée que c’est aussi par le biais du champ économique, générateur d’activité et donc d’emploi, que l’on peut aider à dépasser d’autres difficultés.
Et puisque j’évoquais la dimension symbolique de ces coopérations, permettez-moi de souhaiter que contrairement aux murailles de Jéricho, qui dans des temps anciens furent frappées par la colère divine, permettez-moi donc de souhaiter que jamais l’édifice que nous construisons avec le Gouvernorat de Jéricho ne s’effondre. Et qu’au contraire il soit longtemps soutenu par les femmes et les hommes de bonne volonté !
Je vous remercie.
L’assemblée plénière du 12 juillet 2012 du Conseil Régional a adopté à la majorité l’engagement d’une nouvelle coopération internationale : la coopération avec la région de Jéricho en Palestine (Vallée du Jourdain).
Une délégation du collectif 69 Palestine assistait dans les tribunes publiques et a applaudi à cette très bonne nouvelle pour le peuple palestinien.
Présenté par Véronique Moreira, vice présidente régionale, défendu par Alain Coulombel pour le groupe E.E.L.V , Corinne Morel-darleux pour le Front de Gauche, Christian Dupessey pour le PS et André Friedenberg pour le PRG (lire leur déclaration ci-dessous), ce projet fait de la région Rhône-Alpes la troisième région à s’engager dans la coopération avec la Palestine.
L’accès à l’eau, le soutien à l’agriculture sont les points clés de cette coopération.
Véronique Moreira puis le Président de la région Jean-jack Queranne ont répondu aux objections des groupes UMP et FN qui ont voté contre le projet.
–
En vidéo, Véronique Moreira explique le sens de l’ouverture de la coopération avec la Palestine :
– Intervention de Corinne Morel Darleux (Front de Gauche)
Notre groupe est très heureux de voir le travail engagé aboutir aujourd’hui. Nous vivons ce soir la suite logique de l’adoption par la Région du vœu en 2011 pour soutenir l’initiative « Un bateau français pour Gaza » engagée par le collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, et de la délibération cadre que nous avons adoptée en Février 2012. Nous nous félicitons que l’assemblée régionale soit enfin en passe d’adopter une délibération de coopération avec les territoires palestiniens. Je dis enfin, car en la matière, les coopérations avec la Palestine sont déjà une réalité, parfois ancienne avec de nombreuses collectivités locales Rhônalpines.
Cette nouvelle relation qui s’ouvre pour notre Région avec un peuple et une partie du Monde dont on sait la situation complexe et sensible, trop souvent dramatique, nous rappelle toute l’importance et l’utilité de la coopération décentralisée. Ce n’est pas une première pour notre collectivité : je pense à Madagascar, au Mali, au Liban. Nous ne devons pas le craindre ici plus qu’ailleurs. Notre impératif reste d’œuvrer pour la paix et la justice dans ces territoires. Tous les territoires. L’internationalisme est un universalisme.
Plus concrètement maintenant, cette coopération doit répondre à plusieurs objectifs.
D’abord il est fondamental que notre collectivité s’engage et favorise les échanges avec la Palestine, avec les palestiniens et leurs représentants afin de rendre compte de la situation là-bas, ici en Rhône-Alpes. Tout ce qui peut permettre d’objectiver la situation vécue sur place est déjà une avancée en faveur de la compréhension et de la paix. C’est d’ailleurs dans cet objectif que plusieurs d’entre nous se sont déjà rendus en Palestine. Les représentations, les stigmates, les clichés qui sont véhiculés sont un frein à la résolution de ce conflit autant qu’au développement des territoires. Se confronter au réel là-bas permet d’aller au-delà des postures, de toucher du doigt une réalité qui hélas dépasse d’ailleurs parfois la fiction.
Cette coopération devra donc nous permettre d’appréhender nos nouveaux partenaires comme des citoyens à part entière. Rappelons que ce travail de coopération est déjà une réalité pour plus de 45 ONG et associations et 10 collectivités en Rhône-Alpes. Cette nouvelle convention de la Région est un support important supplémentaire pour aller dans ce sens.
Je me suis rendue dans le cadre d’une délégation du PG en Israël et Palestine fin 2011. Une journée avait été consacrée à la question du développement agricole sous l’angle non gouvernemental, avec des coopératives autour de l’olive et les responsables de l’ONG PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee) qui nous avait fait part de ses difficultés à mettre en œuvre ses objectifs pour le développement d’une agriculture saine et auto-suffisante. Leur action consiste à transformer des terres arides en terres arables et viables et en la construction de ‘routes agricoles’ pour permettre le passage des machines et faciliter le transport humain et matériel. Je sais, nous savons, l’importance cruciale des thématiques agricoles et eau sur ces terres. Nous ne pouvons donc que saluer les orientations prises dans cette convention au travers des actions envisagées sur la Vallée du Jourdain, notamment en matière de développement de la filière agricole et de participation des femmes au développement dans cette coopération.
Plus globalement, le Front de Gauche souhaite que les actions concrètes qui se mettront en place avec le Gouvernorat de Jéricho puissent en outre contribuer au développement des solidarités avec le peuple palestinien, et, à notre niveau, à l’application des résolutions de l’ONU et à la reconnaissance d’un État palestinien. Le travail de coopération réalisé dans les territoires Palestiniens en matière de développement économique et d’agriculture ne doit en aucun cas être entravé par les conflits que connaissent les territoires ni par aucun embargo.
Pour nous, cette coopération et la convention soumise au vote sont un progrès important et juste, et je sais que c’est une satisfaction que nous partageons avec les différentes associations qui réalisent un travail essentiel en matière de coopération porteuse de sens.
La première coopération d’une collectivité avec les territoires Palestiniens remonte à 1984. A ce jour, deux Régions en France sont engagées dans la coopération avec la Palestine. Aujourd’hui Rhône Alpes, notre Région, peut devenir la troisième. Poursuivons donc ce combat politique juste.
En conclusion, comme vous l’aurez compris, c’est avec plaisir et conviction que nous voterons cette délibération.
– Intervention d’Alain Coulombel pour le groupe E.E.L.V
Madame la Vice-présidente,
Je voudrais d’abord vous remercier, Madame la Vice-présidente, ainsi que vos services, pour le travail accompli sur la Palestine.
Il y a quelques mois – en février 2012 – nous votions une délibération cadre sur la coop décentralisée et c’est aujourd’hui, malgré les difficultés de tous ordres politiques, institutionnels, économiques, la discussion par notre assemblée d’une convention de coopération avec le gouvernorat de Jéricho en Cisjordanie. C’est pour notre groupe une grande satisfaction que de pouvoir défendre cette nouvelle coopération avec un territoire, devrais-je dire, une communauté d’hommes et de femmes vivant dans un dénuement absolu et des tensions politico-militaires, les empêchant d’avoir une vie
normale.
Nous connaissons tous la situation dans les Territoires palestiniens
occupés,rendant difficile la viabilité d’un Etat indépendant : le morcellement territorial dû à l’érection des murs protégeant les 179 colonies et les 620 000 colons en Cisjordanie, les entraves quotidiennes au fonctionnement des institutions, les centaines de barrages qui freinent la libre circulation des hommes et des marchandises, le manque de contrôle sur les ressources en eau…L’eau, chacun le sait, est dans le conflit israélopalestinien
une question majeure. La Vallée du Jourdain, par exemple, qui
représente 95% des terres arables et la principale ressource en eau, voit cette ressource interdite aux activités palestiniennes.
Intervention Dans une étude menée en 2012, le Réseau Rhône-Alpes d’Appui à la coopération (RESACOOP) relevait 4 grandes catégories d’enjeux pour les territoires palestiniens :
– des enjeux politiques d’abord, pour des êtres humains vivant dans
une région du monde hautement conflictuelle. « L’enjeu, nous dit le
rapport, est de contribuer à donner une existence aux citoyens
palestiniens en tant qu’êtres humains comme les autres » (ces mots
sont lourds de sens).
– des enjeux en matière de respect des droits de l’homme et de bonne
gouvernance, entre autre le respect du droit des femmes et des
minorités,
– des enjeux comportementaux,
– des enjeux de développement économique et d’autonomie avec pour
objectif la sortie d’une culture d’assistance liée à plus de 50 ans
d’occupation israélienne,
– des enjeux, enfin, d’équilibre territorial car nous savons que la
répartition des territoires palestiniens en trois zones (A,B,C) entraîne
des iniquités territoriales et sociales, les zones rurales par exemple
recevant moins d’aide que les zones urbaines.
En proposant de renforcer les capacités et les compétences des acteurs institutionnels locaux, d’appuyer la démocratie locale tout en luttant contre la pauvreté, en choisissant d’aider à l’élaboration d’un schéma de développement économique territorial, la région Rhône Alpes est pleinement dans son rôle.
Quant au choix de Jéricho et de la vallée du Jourdain, s’il
nous semble pertinent, la vallée ayant le potentiel de devenir le grenier de la Palestine, il reste les difficultés liées à l’expansion permanente des colonies et des politiques israéliennes qui s’y rapportent, comme les démolitions systématiques et les restrictions pesant sur l’accès à l’eau et à la terre.
Un récent rapport d’OXFAM France montre que les Palestiniens ne peuvent avoir accès qu’à 6% des terres de la vallée du Jourdain, tandis que les colons israéliens, qui représentent 13% de la population de la vallée, contrôlent 86% de ces territoires.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations
Unies (OCHA), le surcoût lié au transport de produits agricoles palestiniens par des itinéraires qui évitent les checkpoints israéliens les plus coercitifs s’élève chaque année à 1,9 millions de dollars. Outre des coûts de transport plus élevés, les paysans palestiniens doivent payer leur approvisionnement en eau (qui arrive par citernes), rendant leur production plus coûteuse et donc moins compétitive comparée à celle des colons israéliens qui inonde le marché palestinien. En revanche, toujours selon OXFAM, l’économie des
colonies israéliennes bénéficie d’une main d’oeuvre palestinienne à un coût moindre. Alors que le salaire horaire minimum en Israël est fixé à 6 dollars, les Palestiniens travaillant dans les colonies israéliennes dans la vallée du Jourdain sont payés en moyenne seulement 2 à 4,8 dollars de l’heure.
C’est donc, vous l’aurez compris, une lourde tâche qui vous attend, qui
nous attend, Madame la Vice Présidente, mais une tâche indispensable qui nécessitera prudence et persévérance …
Quand Rio+20 marque l’échec du multilatéralisme, la domination des
égoïsmes nationaux et une régression par rapport aux engagements
antérieurs de la communauté internationale, les collectivités territoriales doivent rester les garantes d’une conception partagée et solidaire de la coopération.
« J’ai gagné en lucidité, écrivait Mahmoud Darwich dans un de ses
derniers recueils,
non pour jouir de ma nuit étoilée mais pour être témoin du massacre.
J’en ai réchappé par hasard :
J’étais plus petit qu’une cible militaire,
plus grand qu’une abeille butinant les fleurs de la haie.
J’ai eu très peur pour mes frères et mon père (…)
J’ai eu peur pour les grappes de la vigne,
Pendantes comme les mamelles de notre chienne…
La peur marcha en moi et je marchai en elle,
Nu-pieds, renonçant à mes petits souvenirs d’attentes du lendemain.
Plus le temps pour le lendemain. »
Souhaitons que l’engagement de la région Rhône-Alpes, au côté des
10 autres collectivités rhônalpines, aide à ouvrir pour les Palestiniens
d’aujourd’hui ce « temps pour le lendemain ».
– Intervention d’André Friedenberg du groupe PRG et Apparenté
Je souhaite, au nom du groupe PRG et Apparenté dire en premier lieu ma grande satisfaction que la Vice-Présidente, Véronique Moreira, soit parvenue à proposer un projet de coopération équilibré avec le Gouvernorat de Jericho.
Equilibré, cela veut dire bien sûr qui tienne compte des desiderata des deux partenaires.
Mais aussi du point de vue de notre collectivité, qui s’inscrit dans le cadre de ses prérogatives, de ses responsabilités, hors toute tentation de verser dans des considérations qui relèveraient de la politique étrangère de notre pays.
Notre groupe tient à saluer l’étude technique menée par Resacoop qui a permis de cerner les champs possibles de cette coopération.
Dans ce cadre, il est notamment prévu un centre d’échanges économiques Franco-Palestinien.
Je sais que certains ont des doutes sur sa viabilité. Ce n’est pas notre cas, d’abord parce que ce projet sera notamment développé par des entreprises rhônalpines et par des palestiniens habitant notre Région.
Ensuite parce que nous voulons croire que les bonnes volontés, même dans un contexte politique difficile, peuvent faire émerger des projets d’avenir.
Avec également cette idée que c’est aussi par le biais du champ économique, générateur d’activité et donc d’emploi, que l’on peut aider à dépasser d’autres difficultés.
Et puisque j’évoquais la dimension symbolique de ces coopérations, permettez-moi de souhaiter que contrairement aux murailles de Jéricho, qui dans des temps anciens furent frappées par la colère divine, permettez-moi donc de souhaiter que jamais l’édifice que nous construisons avec le Gouvernorat de Jéricho ne s’effondre. Et qu’au contraire il soit longtemps soutenu par les femmes et les hommes de bonne volonté !
Je vous remercie.