Francesca ALBANESE, une juriste courageuse, femme d’honneur



Nous tenons à saluer Francesca Albanese pour son travail incomparable concernant les droits des Palestiniens et la dénonciation du génocide et de la famine que subissent les Gazaouis.
Francesca Albanese, rapporteure spéciale à l’ONU pour la Palestine , a présenté, au début de juillet 2025 au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, un rapport intitulé De l’économie d’occupation à l’économie de génocide.
Dans celui-ci sont étudiés « les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens ». En février, elle avait également dénoncé comme « illégal » et « complètement absurde » un projet d’occupation de la bande de Gaza et de déplacement de sa population annoncé par Donald Trump.
Le rapport publié par la juriste italienne épingle des sociétés pour participation à une « économie opérant sur un mode génocidaire ». Parmi elles, des fabricants d’armes comme l’américain Lockheed Martin, des géants de la tech comme Palantir et IBM et des fonds de pension et des banques, comme la française BNP Paribas qu’elle accuse d’être impliqués dans la « campagne militaire qui a pulvérisé Gaza et déplacé le plus grand nombre de Palestiniens en Cisjordanie depuis 1967».Parmi elles figure notamment le gestionnaire d’actifs américain Blackrock, accusé de financer les entreprises de l’armement et les violations des droits humains contre la population palestinienne avec d’autres entités financières. Mais aussi Caterpillar, Hyundai, Volvo…
Basé sur plus de 200 contributions d’Etats, d’organisations de défense des droits humains, d’entreprises et d’experts universitaires, le document rédigé par Francesca Albanese – qui ne s’exprime pas au nom de l’ONU, mais est mandatée par le Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations unies – cible également le groupe zurichois Glencore ainsi que les multinationales américaines Microsoft, Amazon, Airbnb ou encore Booking Holdings.
Israël continue à vendre des armes et des systèmes de surveillance. Cela s’inscrit dans la course à l’armement au niveau mondial
Le rapport est fondé sur le postulat selon lequel la destruction quasi totale de l’enclave n’a pas été seulement permise par des gouvernements qui « se dérobent à leurs obligations », mais aussi par tout un environnement économique.
Il dévoile la lucrativité de la guerre à Gaza.
« Les industries de l’armement et de la surveillance ont augmenté leurs contrats avec Israël. Cela a eu des effets dans la croissance économique du pays, dans des secteurs spécifiques de l’économie israélienne« , explique Francesca Albanese dans une émission.
« Rien que le mois dernier, il y a eu une croissance de 70 milliards de dollars dans les actions en bourse. Pourquoi ? Parce qu’Israël continue à vendre des armes et des systèmes de surveillance qui sont testés et utilisés à Gaza et dans d’autres parties du territoire palestinien occupé. Cela s’inscrit dans la course à l’armement au niveau mondial« , note-t-elle.
Dans son rapport publié le 1er juillet 2025 et présenté à l’ONU elle démontre qu’à Gaza: « Le génocide est une source de profits ».
Une économie entière au service d’un génocide. C’est ce que dénonce la rapporteure spéciale de l’ONU. Dans son nouveau rapport, Francesca Albanese décrit la façon dont l’économie israélienne utilise le massacre à Gaza pour faire des profits. Profits réalisés aussi par bon nombre d’entreprises étrangères, accusées de complicité.
« Alors que la vie à Gaza est en train d’être anéantie et que la Cisjordanie subit des assauts de plus en plus violents, ce rapport montre pourquoi le génocide israélien se poursuit : parce que, pour beaucoup, il est lucratif ».
Pour la juriste italienne, la guerre à Gaza représente une manne financière pour le complexe militaro-industriel qui a pu tester et développer de nouvelles armes et de nouveaux systèmes de surveillance, en partenariat bien souvent avec les géants de la tech. Toute l’économie israélienne en a profité, explique Francesca Albanese.
« Depuis 20 mois, alors que l’armée israélienne et les colons détruisent la Palestine et détruisent des vies, la Bourse de Tel Aviv a progressé de 213 %. Accumulant plus de 220 milliards de dollars de gains… On peut donc dire que pour certains, le génocide est une source de profits. »
« Ce que je dénonce n’est pas une liste, c’est un système »
« Pendant qu’un peuple s’enrichit, l’autre disparaît ».
Et il n’y a pas que le secteur de l’armement qui serait responsable. Plus de 60 entreprises sont citées dans le rapport de Francesca Albanese. Selon elle, elles étaient impliquées dans le soutien aux colonies israéliennes et aux actions militaires à Gaza.
« Ce que je dénonce n’est pas une liste, c’est un système, et il faut s’en occuper », a-t-elle déclaré au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
« Il faut que les gens sachent que quand ils achètent une voiture pour leur famille, ce logo est le logo des machines qui ont pulvérisé leur terre. Parce que Gaza n’a pas été détruite seulement avec des bombes, mais aussi avec des bulldozers », insiste-t-elle.
La rapporteuse spéciale demande un « changement de conduite » à ces sociétés, qui sont liées à une occupation jugée illégale par la Cour internationale de justice (CIJ) et à un Etat dont deux dirigeants sont visés par des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité prononcés par la Cour pénale internationale (CPI), rappelle la juriste au micro de la RTS.
Francesca Albanese demande que ces compagnies soient poursuivies en justice pour violation du droit international. Elle demande aussi un embargo complet sur les armes à destination d’Israël.
La démonstration implacable développée dans les rapports de Francesca Albanese gêne l’équipe de Trump au pouvoir aux Etats-Unis, indéféctible complice de l’Etat sioniste
Ainsi le secrétaire d’Etat Marco Rubio, a annoncé, mercredi 9 juillet 2025 que les Etats-Unis imposeraient des sanctions à Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les territoires palestiniens.
Le chef de la diplomatie américaine a dénoncé les critiques virulentes formulées par l’experte de l’ONU à l’égard des Etats-Unis. Selon lui, elle aurait, par ailleurs, recommandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre notamment le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Francesca Albanese a réagi en affirmant que ces sanctions étaient « calculées pour affaiblir sa mission ». « Je vais continuer à faire ce que j’ai à faire », même si ce sera un « défi », a-t-elle ajouté, lors d’une conférence de presse à Ljubljana, en Slovénie. Dans une première réaction sur X, Mme Albanese avait écrit qu’elle se « tien[t] fermement et avec conviction du côté de la justice, comme [elle l’a] toujours fait ». Venant « d’un pays riche d’illustres juristes, d’avocats talentueux et de juges courageux qui ont défendu la justice au prix de grands sacrifices, souvent au péril de leur vie », elle se dit fière d’ « honorer cette tradition ».
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a demandé jeudi à Washington de « lever rapidement les sanctions » à l’encontre de Francesca Albanese, a-t-il fait savoir dans un communiqué, dans lequel il demande également que cessent « les attaques et les menaces » contre des personnes nommées par l’ONU ou par la CPI.
Interrogée sur la situation sécuritaire dans la région qui obligerait Israël à se tourner vers une économie militaire, lui permettant ainsi d’en tirer des bénéfices, la rapporteuse spéciale a appelé à « changer de paradigme« , rejetant les discours mettant dos à dos l’Etat hébreu et ses adversaires voisins. « La seule menace constante dans la région ces 30-40 dernières années vient d’Israël« , assure la juriste.
« Une guerre se fait entre deux armées. Où est l’autre armée? Qu’est-ce qui justifie une destruction totale ? Gaza a été pulvérisée, non seulement par les bombes, mais aussi par les bulldozers. [Israël] est en train de tout réduire en poussière. Est-ce cela, une guerre? Ou est-ce plutôt la destruction d’un morceau de terre qui a été traité comme un ghetto pendant des décennies ? », interpelle-t-elle encore.
La mission états-unienne auprès des Nations Unies à New York a quant à elle appelé le Secrétaire général de l’ONU António Guterres à condamner Francesca Albanese et à demander sa destitution, ajoutant que « l’absence d’une telle action à ce jour [lui] a permis de poursuivre sa campagne de guerre économique ciblant des entités à travers le monde ».
Des critiques qui ne semblent pas affecter l’Italienne: « Ce sont des personnes touchées par le fait que j’expose des faits de façon inattaquable. » répond-elle.
Force et honneur à Francesca ALBANESE !
Contre l’apartheid et pour en finir avec la colonisation et l’occupation israéliennes, agissez avec le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), plus d’informations ici : https://www.bdsfrance.org/