Des personnalités juives du monde entier appellent l’ONU et les dirigeants mondiaux à sanctionner Israël
D’éminentes personnalités juives du monde entier appellent les Nations Unies et les dirigeants mondiaux à imposer des sanctions à Israël sur ce qu’ils décrivent comme des actions « inconcevables » équivalant à un génocide à Gaza.
Plus de 450 signataires, dont d’anciens responsables israéliens, des lauréats des Oscars, des auteurs et des intellectuels, ont signé une lettre ouverte exigeant des comptes sur la conduite d’Israël à Gaza, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. La publication de la lettre intervient alors que les dirigeants de l’UE se réunissent jeudi à Bruxelles sur fond de rapports qu’ils prévoient d’annuler les propositions de sanctions pour les violations des droits de l’homme.
« Nous n’avons pas oublié que tant de lois, de chartes et de conventions établies pour protéger et protéger toute vie humaine ont été créées en réponse à l’Holocauste », écrivent les signataires. « Ces garanties ont été violées sans relâche par Israël. »
Parmi les signataires figurent l’ancien conférencier de la Knesset Avraham Burg israélienne, l’ancien négociateur de paix israélien Daniel Levy, l’auteur britannique Michael Rosen, l’auteur canadien Naomi Klein, le cinéaste oscarisé Jonathan Glazer, l’acteur américain Wallace Shawn, les lauréats des Emmy Ilana Glazer et Hannah Einbinder, et le lauréat du prix Pulitzer Benjamin Moser.
Les signataires exhortent les dirigeants du monde à faire respecter les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) et des tribunaux pénaux internationaux, à éviter la complicité de violations du droit international en arrêtant les transferts d’armes et en imposant des sanctions ciblées, à assurer une aide humanitaire adéquate à Gaza et à rejeter les fausses allégations d’antisémitisme contre ceux qui plaident pour la paix et la justice.
« Nous inclinons la tête dans une douleur incommensurable alors que les preuves s’accumulent que les actions d’Israël seront jugées pour avoir atteint la définition légale du génocide », peut-on lire dans la lettre.
L’appel fait suite à un changement brutal de l’opinion publique pour les Juifs américains et l’électorat au cours des dernières années. Un sondage du Washington Post a révélé que 61% des Juifs américains pensent qu’Israël a commis des crimes de guerre à Gaza, et 39% disent qu’il commet un génocide. Parmi le public américain au sens large, 45% ont déclaré à la Brookings Institution qu’ils pensaient qu’Israël commettait un génocide, tandis qu’une enquête de Quinnipiac en août a révélé que la moitié des électeurs américains partageaient cette opinion, y compris 77% des démocrates.
Parmi les autres signataires de la lettre figurent le chef d’orchestre israélien Ilan Volkov, le dramaturge V (anciennement connu sous le nom d’Eve Ensler), l’humoriste américain Eric André, le romancier sud-africain Damon Galgut, le journaliste et documentariste oscarisé Yuval Abraham, le lauréat Tony Toby Marlow et le philosophe israélien Omri Boehm.
« Notre solidarité avec les Palestiniens n’est donc pas une trahison du judaïsme, mais un accomplissement de celui-ci », écrivent les signataires. « Quand nos sages ont enseigné que détruire une vie, c’est détruire un monde entier, ils n’ont pas fait d’exceptions pour les Palestiniens. Nous ne nous reposerons pas tant que ce cessez-le-feu n’aura pas progressé dans la fin de l’occupation et de l’apartheid. »
Depuis le 7 octobre 2023, au moins 65.000 Palestiniens ont été tués et plus de 167.000 blessés, selon le ministère de la Santé de Gaza, tandis que l’ONU estime qu’environ 90% de la population est déplacée à l’intérieur du pays. Deux sénateurs démocrates américains, Chris Van Hollen et Jeff Merkley, ont conclu après une mission d’enquête dans la région en septembre qu’Israël mettait en œuvre « un plan systématique pour détruire et nettoyer ethniquement les Palestiniens de Gaza », avec les États-Unis complices de ces actions.
Leur rapport détaille la destruction quasi-totale des infrastructures civiles, l’armement de la nourriture et les obstacles systématiques à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le cessez-le-feu du 10 octobre a été ébranlé par des violations répétées. L’agence de presse palestinienne a déclaré qu’Israël avait violé le cessez-le-feu à 80 reprises et tué au moins 80 Palestiniens au cours des 11 derniers jours. L’armée israélienne a accusé le Hamas de violer l’accord, de tuer deux soldats israéliens à Rafah et de retarder le retour des corps des otages.
La lettre publique indique que la trêve ne fait aucune référence à la Cisjordanie, où la violence des colons se poursuit, et les conditions d’occupation sous-jacentes restent sans réponse.
Plus de 3.200 Palestiniens ont été blessés dans des attaques en Cisjordanie cette année, selon le dernier rapport du bureau humanitaire de l’ONU, et l’ONU a documenté 71 agressions de colons au cours d’une seule semaine en octobre. Dans un incident survenu cette semaine, une femme de 55 ans a été hospitalisée après avoir été en boîte par un colon masqué alors qu’elle cueillait des olives, une attaque capturée sur vidéo.
Le groupe israélien de défense des droits civiques Yesh Din a constaté que seulement 3% des enquêtes sur la violence des colons entre 2005 et 2024 ont conduit à des condamnations. Peu après son entrée en fonction, Donald Trump a levé les sanctions limitées imposées par Joe Biden à des dizaines de colons violents et de groupes de colons.
La CIJ devrait rendre cette semaine une nouvelle décision précisant les obligations d’Israël dans les territoires occupés, à la suite de son avis consultatif non contraignant de juillet 2024 déclarant l’occupation illégale. Pourtant, les ministres des Affaires étrangères de l’UE seraient en train de reculer contre les sanctions, malgré les conclusions du service diplomatique du bloc selon lesquelles il y avait des «indications» qu’Israël violait ses obligations en matière de droits de l’homme en vertu de l’accord d’association UE-Israël.
source de l’article du Guardian
