ISRAEL-PALESTINE : L’APARTHEID DE L’EAU

ISRAEL-PALESTINE : L’APARTHEID DE L’EAU
Loin de la « gestion durable et équitable des ressources » du monde, la politique de l’eau en Israël n’est ni équitable, ni durable. L’eau est sur-exploitée d’une part, et utilisée comme une arme contre les palestiniens de l’autre …
– 7,5 millions d’israéliens consomment 1900 millions m3 soit 300 litres d’eau par personne et par jour.
– alors que 4,5 millions de Palestiniens (Cisjordanie + Gaza)
consomment 190 millions m3 soit 60 litres par personne et par jour
C’est à dire un rapport de 1 à 11 !
NB ° Dans la vallée du Jourdain 80 000 palestiniens vivent avec 20 litres /personne et /jour

Pour les palestiniens c’est la « portion congrue » dans un proche-orient qui souffre d’un stress hydrique aggravé par le réchauffement climatique.
Le prix du mètre cube d’eau est 2 à 4 fois plus élevé pour les Palestiniens que pour les colons
Les ressources et le pillage de l’eau arabe

Carte de G. Mutin : L’eau dans le Monde Arabe (Ellipse 2000)
De haut en bas :
– Le Golan Syrien château d’eau régional est occupé par Israël.
– L’eau du Jourdain est détourné vers Israël par le « conduit national Israélien » à partir du lac de Tibériade. (société Mékorot)
– Les nappes de Cisjordanie sont les plus importantes, mais les pompages et les détournements d’eau israéliens accaparent 80%
des nappes de Cisjordanie
– Le Jourdain n’est plus qu’un filet charriant les eaux usées
– La mer morte est promise à l’assèchement
– La nappe de Gaza est aujourd’hui polluée à 95%
La réalité des chiffres
Ressources en eau de Cisjordanie :
1750 millions m3/an
Eaux de surface et lac de Tibériade :
environ 500 millions/m3
Aquifère de Cisjordanie et aquifère côtier :
environ 1000 milllions m3/an
Eaux retraitées
environ 250 millions m3/an
La consommation d’eau par Israël:
1900 à 2000 millions mm3/an
En conséquence il y a surexploitation et pillage des ressources hors des frontières d’Israël
Cette appropriation a été permise par la victoire lors de la guerre de 1967 et la main mise militaire sur la majeure partie de la Cisjordanie.
Une politique délibérée d’accaparement des terres et de l’eau

Le « mur » fait des contours pour s’approprier les puits palestiniens de Cisjordanie. Le tracé du mur annexe les réserves en eau. (Ci-dessus l’exemple de la ville de Qalqiliya )
« 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens.
Sachons aussi entre autres multiples exemples que :
– la priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse en infraction au droit international ;
– le mur construit permet le contrôle de l’accès aux eaux souterraines et empêche les prélèvements palestiniens dans la « zone tampon » pour faciliter l’écoulement vers l’ouest ;
– les « puits » forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l’armée israélienne ;
– à Gaza les réserves d’eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements. »
« L’eau, révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen Orient » extrait du rapport parlementaire sur la « géopolitique de l’eau ».
Destruction
des ressources et des réserves en eau palestiniennes

Bulldozer israélien détruisant une citerne palestinienne
L’armée israélienne bouche les puits des paysans détruit les citernes ou les réserves d’eau palestiniennes, malgré les accords d’Oslo, les ordonnances militaires d’appropriation n’ont pas été abrogées (Ordonnances militaires n° 92 du 15 août 1967 et n° 158 du 30 octobre 1967.)
En mars 2003 les dommages s’établissaient comme suit : 151 puits, 153 sources, 447 citernes, 52 citernes mobiles (tankers), 9.128 citernes de toit, 14 réservoirs, 150 Km de canalisations desservant plus de 78.000 maisons
Vallée du Jourdain : 80 000 palestiniens y vivent avec 20 litres par personne et par jour ( agriculture et besoins familiaux) alors que 9 500 colons israéliens qui contrôlent 78 % de terres consomment jusqu’à 300 litres par personne et par jour. (45 millions de m3 d’eau par an. ! )
L’agriculture et la vie des palestiniens
« Nous avons travaillé très dur pour ce projet.(…) La terre est bonne (…). Nous avons planté des arbres qui demandent peu d’eau et qui poussaient bien. Mais l’armée a tout détruit, ils sont passés et repassés avec le bulldozer et ont tout arraché. C’est très douloureux pour moi de voir les destructions chaque fois que je viens ici, tout le fruit de notre travail a été anéanti. Pourquoi commettre un tel acte ? Quel bien peut [en] sortir ? »
Témoignage de Mahmoud al Adam (Amnesty International Oct. 2009) :
Gaza : un crime contre l’humanité ?

Bombardement de l’assainissement de Gaza
1,6 million de palestiniens de Gaza avaient besoin de 220 000 m3 par jour (35 pompages dans la nappe). Les destructions par Israël (bombardements ciblés, action des bulldozers, blocus)
ont réduit les prélèvements à 100 000 m3/jour.
Pendant l’attaque israélienne de décembre 2008, quatre réservoirs d’eau, 11 puits et des réseaux d’évacuation des eaux usées ainsi que des stations de pompage ont été endommagés. Vingt mille mètres de canalisations d’eau ont été détériorés ou détruits par des chars et des bulldozers israéliens
A Gaza, 90% à 95 % de l’eau fournie est contaminée et impropre à la consommation humaine. Israël n’autorise pas le transfert d’eau de la Cisjordanie à Gaza. La seule ressource en eau de Gaza, la nappe aquifère côtière, qui ne suffit pas aux besoins de la population et s’épuise progressivement en raison de la surexploitation, est de plus en plus contaminée par des infiltrations d’eaux usées et d’eau de mer
L’eau de Gaza devient une eau saumâtre, la pollution de la nappe entraîne des risques sanitaires très importants et menace surtout les enfants.
« Gaza pourrait être privée d’eau potable dès 2016 selon L’O.N.U, en raison des destructions et de la surexploitation des nappes ». (Le Monde 04/09/2012)
Conclusions
Bien que les Nations Unies reconnaissent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme droits de l’homme, essentiel à la pleine jouissance de la vie » (résolution 64/292), la gestion par l’occupant israélien n’est ni durable ni équitable en Palestine. L’eau est pour Israël une arme de guerre.
Les Palestiniens sont délibérément expropriés de leur ressources en eau pour pouvoir être exclus de leurs terres. Elle est révélatrice d’un nouvel apartheid israélien. Sur un plan humain on frôle le « crime contre l’humanité. »
Le gouvernement israélien est sourd à toutes recommandations de l’O.N.U et des O.N.G internationales.
Références
–
Plateforme des ONG française pour la Palestine
–
Association Palestinienne Ewah
–
Rapport parlementaire – France
–
Office de l’ONU pour les réfugiés
Georges Mutin : « L’eau dans le Monde Arabe » (Ellipse 2000, 2° édition 2011)
Rédaction Robert, Dominique, COLLECTIF 69 DE SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN