Israël Palestine, les enjeux territoriaux liés à la maitrise de l’eau – Conférence de Georges MUTIN
Le Vendredi 12 avril 2013 avait lieu une
CONFÉRENCE de Georges MUTIN* à la Maison de quartier des Essarts
Israël Palestine, les enjeux territoriaux
liés à la maitrise de l’eau
dans le cadre d’une soirée organisé par C.C.F.D-terre solidaire, Amnesty International, La maison des Essarts sur le thème L’EAU DANS LE MONDE … PARTAGE INÉGAL
La conférence commence par la présentation sur écran de l’excellente émission du Dessous des Cartes « Israël- Palestine une guerre pour L’eau » que l’on peut retrouver sur Internet.
Jean Christophe Victor y commente les cartes et montre que la Palestine historique est un château d’eau avec : des eaux de surface : vallée du Jourdain et ses affluents de rive gauche (surtout le Yarmouth) et le lac de Tibériade en amont, des aquifères, c’est à dire la nappe de Cisjordanie qui s’écoule vers le Nord, vers l’ Est vers l’Ouest et la nappe côtière située en territoire actuel d’Israël.
Mais il y se produit un partage inégal de la ressource, avec une volonté d’Israël de contrôler toute l’eau et d’utiliser à son profit une ressource qui provient pour l’essentiel de Cisjordanie.
G.Mutin s’appuie sur ces documents et fait un historique de la main-mise sur l’eau opérée par Israël.
L’eau a toujours été une préoccupation majeure du mouvement sioniste dés ses débuts et Chaim Weizmann en 1919, réclamait pour Israël des frontières qui dépassaient largement les limites Bibliques et englobaient le sud Liban, une partie de la Syrie et tout le flanc ouest de la Jordanie et ceci pour récupérer le maximum de ressources en eau !
Mais ces demandes n’ont pas été satisfaites et les territoires ont été placées sous mandat britannique de 1920 à 47, tandis que l’immigration juive augmentait fortement à cause du nazisme.
Le partage* a lieu en 1947, l’état d’ Israël se crée en 1948, les guerres perdues par les armées arabes aboutissent à un armistice en 1949, mais les affrontements se poursuivent pour le contrôle du Jourdain de jusqu’en 1964. C’est une guerre pour l’eau.
En 1964, Israël construit le grand conduit national de l’eau, qui pompe énormément dans le lac de Tibériade : 1300 millions de m3/an , au point que le niveau du lac baisse et que le Jourdain en aval n’est plus qu’un ruisseau. C’est ce conduit qui permet le développement de l’agriculture d’Israël.
Avec la guerre de1967, Israël conquiert une part importante de la Cisjordanie et cela aboutit à l’accaparement des eaux souterraines : la nappe de Cisjordanie et la nappe littorale. 57 % des ressources en eau d’Israël, proviennent alors de territoires conquis en 1967.
Devant cette réalité, quel crédit faut-il apporter aux promesses israéliennes de rétrocéder la Cisjordanie ?
– Israël devient maître de la totalité des ressources hydrauliques de la Palestine, tous les équipements de contrôle et de gestion de l’eau sont dans la zone C sous contrôle exclusif d’Israël, cette zone C représente 67 % de la Palestine .
– Les Palestiniens n’ont plus que 60 m3 /h/an, les Israéliens 300m3 /h/an, les colons utilisent 600m3 /h/an.
– L’eau est facturée 0,6 Euro le m3 pour les Israéliens, 0,13 E pour les colons et 1 Euro pour les palestiniens
– 60 % de l’eau utilisée vient des frontières extérieures aux limites de 1948.
Il y a une surexploitation des ressources qui entraîne une pollution dont souffrent les Palestiniens. Par exemple sur la nappe littorale, et le biseau salé progresse notamment à Gaza où les systèmes d’épuration ont été détruits par l’armée.
Les eaux usées des colons sont rejetées en contre- bas là ou vivent les palestiniens. Les réservoirs d’eau de ces derniers, servent de cibles aux soldats.
Le Jourdain ne parvient plus à rejoindre la mer morte qui s’ est abaissé de 29 m depuis 1966 ( un mètre par an ). Il y a un projet de canal de 180 km depuis la mer rouge pour alimenter la mer morte, avec production d’électricité , mais c’est une utopie.
Conclusion : l’avenir régional est très sombre dans un contexte de réchauffement climatique et d’expansion démographique des 2 peuples.
Pour rééquilibrer, il faudrait changer l’utilisation de l’eau par Israël , car beaucoup trop d’eau, est utilisé par une agriculture d’exportation. : 56 % de la consommation.
Les exportations agricoles d’Israël sont des exportations d’eau et cela à lui seul, justifie le Boycott des produit venus des colonies.
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L’exposé de G Mutin , est suivi par les témoignages de membres d’Amnesty et du CCFD qui montrent la pollution pétrolière dans le delta du Niger (environnement et population).
De la même façon en Inde, des exploitations minières et des usines de bauxite détruisent l’environnement, polluent l’eau et méprisent totalement les populations qui souffrent de cette pollution.
Dans ces 3 cas : Palestine, Delta du Niger et Inde, on est dans le déni des droits humains et de la réalité, il y a une volonté étatique ou des grandes multinationales de mettre les populations à l’écart.
* La conférence de Gilles Devers, avait montré l’illégitimité du partage opéré par l’ONU.
* Géographe , ancien Directeur de l’I E P de Lyon